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Fava, favasso

Favasso, s.m. « fanes de fèves ». Dans les dictionnaires on ne trouve dans le languedocien que ce sens . Le sens « grosse fève » est attesté dans la région de Montélimar et à Nîmes (Job).  Au figuré « qqn de lourd, pas dégourdi » (Andolfi). faviol, faviolas « étourdi, imbécile » Cévennes et Montpellier dans Alibert s.v. fava et .favar adj. « bavard ». Conservé également à Clermont l’Hér.  fabard « imbécile ». Cf. aussi faviolet
Dérivés  du latin faba « fève ».  Dans l’antiquité, la faba était la nourriture des Romains « d’en bas » et des porcs. De là le sens péjoratif en latin. Mais les historiens ne sont pas d’accord à ce propos.  En tout cas il était interdit aux Flamines de Jupiter de toucher ou même de nommer   des fèves  :  XII. Capram et carnem incoctam et hederam et fabam neque tangere Diali mos est neque nominare.

Pourtant , la fève, de couleur noire ou blanche servait à élire les rois pendant les Saturnales, fête du solstice d’hiver. Wikipedia :

« Les Saturnales (en latin Saturnalia, -ium,) étaient, durant l’antiquité romaine, des fêtes accompagnées de grandes réjouissances, célébrées en l’honneur du dieu Saturne, pendant lesquelles les esclaves jouissaient d’une apparente liberté et où tout était permis. D’abord du 17 au 21 décembre, puis plus tard du 17 au 24 décembre, cette fête de la liberté inversait l’ordre des choses et pendant un temps, les esclaves devenaient les maîtres et inversement.. On servait du cochon de lait dans des banquets qui donnaient lieu à de véritables ripailles. On suspendait des figurines au seuil des maisons et aux chapelles des carrefours »

Cette coutume s’est perpétrée à travers les âges. Les ripailles sont devenues des Galettes de roi et les Fèves des figurines. Les enfants deviennent ( ou restent?) des Rois. Ce renversement de l’ordre établi a lieu aussi pendant le Carnaval, en tout cas au Limbourg (Pays Bas,Belgique), en Wallonie (Belgique) quand le maire donne la clé de la ville et avec elle le pouvoir au Prince Carnaval. En Béarn, pendant une fête comparable,   Saint Pançard devient le patron.

fèves

       

Saint Pançard

Lle mot néerlandais boon « fève » a également des connotations « d’une chose sans valeur » par exemple dans l’expression voor spek en bonen littéralement « pour du lard et des fèves » en français « compter pour du beurre » ou même de confusion d’esprit dans « in de bonen zijn » littéralement « être dans les fèves  » en français « n’y rien comprendre; avoir perdu le fil » signification qui se rapproche de « l’imbécile » languedocien.

L’anglais bean peut signifier « objet sans valeur » , comme l’allemand Bohn. Une phrase full of beans est du nonsens.   Mr. Bean  n’a pas l’air d’un grand intellectuel.
Favalise «faible d’esprit »(Job) est dérivé de favo « fève » du latin faba « fève ».   Cette association est attestée à Clermont-l’Her. fabarot « imbécile » et Nîmes faviolet « naïf » (Job), feve (Andolfi).

Favelou « laurier-tin »(S) .cf.faviou

Voir aussi baraquet « haricot blanc; surnom des Espagnols ».

Baràou, barral

Baràou, baràou d’Alès, barral,. s.m.  L’abbé de Sauvages écrit:

« un barau; un barau de vin: mesure qui change d’une ville à l’autre. Elle contient à Alais 17 pintes,où il égale un solide de trois pieds cubes & un tiers Environ huit de ces baraux font le muid de Paris. De même que 4 baraux en font le demi-muid ou la feuillette ».

Cette définition très précise ne nous avance pas beaucoup. J’ai trouvé pour le muid de Paris des contenus de 288 litres à 18 hectolitres….. Il faudra chercher dans les archives d’Alès …. Pour le moment je ne peux pas déterminer le volume exact du baràou d’Alais.   Dans le site http://krettly.yves.free.fr  il y a les mesures de vin dans le département de l’Hérault et le voisinage. Cela se présente ainsi:

Le MUID de SAUVE ( Gard) de 18 setiers subdivisés en 4 quartals ou en 32 pots. Le muid : 778,95 l. Le setier : 43,27 l. Le pot ou piché : 1,35 l. La feuillette : 0,68 l.
Le MUID d’OCTON de 12 pagelles, la pagelle subdivisée en 25 quartons. Le muid : 740,52 l. La pagelle : 61,71 l. Le quarton : 2,47 l. La feuillette : 0,62 l. Pour l’abbé de Sauvages la feuillette est bien plus volumineuse.

Baràou, & baralë. : « Le baril, le barillet à l’usage des journaliers, qui portent dans ces vaisseaux, sans aucun risque, le vin de leurs repas.
Il donne aussi l’espression suivante : Li parlas dë bouro, vou rëspon dë baràou ‘ il tourne la truie au foin’. Cela veut dire ‘changer brusquement de discours’ expression utilisée par Rabelais. (bouro ‘masse de fer’)

Une racine préromane *barrest probablement à l’origine d’un grand nombre de dérivés dont le sens de base est « sorte de tonneau », comme barril, barral, barrica, etc. (FEW XXII/2, 114b)

Les dérivés en -ale de cette racine *barr- sont attestés très tôt, XIIIe siècle, en ancien occitan et en ancien catalan.  Dans des textes en « latin régional » sont nommées des barralia (Arles) déjà au XIIe siècle . Dans les parlers modernes cette famille de dérivés se trouve surtout dans le Midi et en franco-provençal. Barral est mentionné dans les dictionnaires de Trévoux et de l’Académie jusqu’à 1838 avec le définition: « mesure de choses liquides d’usage en Languedoc, en Provence ».
Le mot baralë « petit baril en bois » se trouve dans un texte d’Avignon de 1397.

Les significations barralet « fraise des bois » et « muscari racemosum » (Alibert) s’expliquent par la forme:

barralet fraise

Balca, bauca

Balca ou bauca, baouco en fr.rég. baouque,  « herbe sèche » (Mathon.) « herbe fine  qui pousse le long des murs » (And), « brachypode »  d’après Lhubac .
Ancien occitan balca » nom de diverses graminées » ,  dans les patois occitans et franco-provençaux le type bauco désigne souvent des herbes à tige dure et c’est ce caractéristique qui a donné leurs noms aux plantes, p.ex. languedocien bauco « laîche = une plante à feuilles coupantes à fleurs en épi et à fruits en capsule qui croit en touffes surtout au bord de l’eau , appelée aussi carex » (S. . Le FEW 1,211b suppose une origine gauloise *balcos « fort, dur ». Voir aussi baou ci-dessus.

Aufabrego

Aufabrego, fabrego s.f. « basilic », un mot que le languedocien a emprunté au catalan alfabrega. Le mot arabe al -habaqa a été introduit probablement avec la plante en Espagne et au Portugal où la prononciation s’est adaptée aux habitudes locales : espagnol albahaca, catalan alfabrega, portugais alfavaca. Dans l’Aude et dans le Tarn il y eu une contamination par le mot baselic ce qui a donné alfasega. Littré mentionne dans son supplément fabrègue « basilic », mais je ne crois pas que ce mot a vraiment vécu dans la langue d’oïl.

En provençal existe également le mot fabrego, falabrego, farabrego avec le sens  « micocoule »(Mistral), qui selon Schuchardt (Z35,385), suivi duFEW, vient de faba graeca « micocoulier » attesté chez Pline. Je suis étonné qu’il n’y a apparemment aucun rapport entre ces deux fabrego… Voir aussi falabrego

Argelas

Argela, argala « ajonc (ulex parviflorus), genêt épineux (genista scorpius) » vient de l’arabe al ğaulaq  « ajonc » . Il est curieux qu’une plante sauvage et indigène ait tiré son nom de l’arabe, mais sens et forme correspondent.

Mise à jour de l’étymologie dans un nouvel article argelas paliure

(FEW I, 65 mais  corrigé dans le vol XXI, 105  voir aussi à la fin de mon article). Attesté en latin médiéval en 1308 argilax. Les formes du Gard argala avec g- au lieu de -j- ou t restent inexpliquées. Par influence du nom dune autre plante ? En catalan argelaga. La Seyne argeiras « Genêt épineux, Ajonc de Provence, ou Calycotome pineux (Calycotome spinosa) « .

argela

A propos de cette étymologie de von Wartburg, le spécialiste Florent Dieterlen du basque m’écrit:
« Bonjour, J’ai vu dans votre site l’étymologie de argela, qui viendrait de l’arabe. J’ai déjà vu cette explication (chez Corominas, dans le FEW ou ailleurs?), mais elle ne me convient pas. En effet, ce mot et ses variantes se retrouvent dans des dialectes jusque dans les Alpes, la Sarthe, les Côtes du Nord, l’Italie. Or je ne vois pas une ancienne influence arabe là-bas. Je propose le mot basque arkatx=buisson. Vous me direz que le basque non plus n’allait pas jusque là. Eh bien si. Je fais depuis dix ans une thèse à l’Université de Lausanne sur le sujet, et retrouve des mots basques dans toute la France et l’Italie, ce qui est amplement corroboré par la génétique des populations. Cependant, je ne suis pas satisfait 100% de cette étymologie, et serais ravi si vous trouviez autre chose de mieux. Meilleures salutations, Florent Dieterlen

Dans le Gard nous trouvons Les Argel(l)as  aussi comme toponyme à Jonquières-St.Vincent et à Montfrin. Arjalas

Pour ceux qui s’intéressent à l’influence du basque notamment dans l’occitan, je conseille vivement de suivre ce lien

La plus ancienne attestation en gallo-roman est le toponyme Argilargueira dans un document de la région nîmoise de 1180.  C’est Corominas vol.1, pp.329-331 qui a approfondi le sujet et il vient à la conclusion que cette famille de mots vient de l’espagnol aulaga. Il est suivi par von Wartburg dans  le vol XXI, 105. L’arabe al ğaulaq serait un emprunt à une langue romane.