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Baisse, beso ‘hotte’

Jean-Pierre, manduellois venu d’Ardèche, a continué ses recherches sur lo beso et lou coulassou  et il a trouvé un article sur la  beso qui est  utilisée en Saône-et-Loire. Un article très intéressant, avec une description et la manière de s’en servir. Le petit établi est typique pour cette région de plaine. En Ardèche on n’en a pas besoin. Voici une  copie:

appeléé « bachoule« 

La description et l’utilisation détaillée:

description et utilisation

Le mot baissa existe en provençal  et signifie « terrain basse » . Il est dérivé du verbe *bassiare « abaisser ». La petite étoile signifie que le mot n’est pas vraime,t attesté en latin classique mais le fait qu’on le trouve dans toutes les langues romanes, rend son origine latine, du latin parlé,très probable.

*bassiare « baisser, abaisser »  FEW I, 272

Le nom de la beso dans le dép. Saône et Loire bachoule vient du latin bascauda. Cliquez sur FEW 1,267

gabion, mur —

Mur gabion. Dans le journal je lis que des éléments peu recommandables utilisent les « murs gabions » pour caillasser les bus municipaux dans le quartier de Valdegour à Nîmes. Le mot français gabion m’était inconnu et un grand article très élaboré et intéressant dans Wikipedia m’a bien éclairé.

L’étymologie de gabion est l’italien gobbione » grand panier cylindrique rempli de terre  qui sert à protéger les soldats et les travailleurs dans la tranchée »  devenu gabion en français. Gabbione est dérivé du latin cavea « cage ». 1

Cavea est devenu cage en français, gabia, dzabia en occitan; Voir les attestations dans le FEW II, 552-553. Vous trouverez plusieurs significations dans mon article gabieu.

 

Des paniers gabions

Des paniers gabions de l’artillerie au XVIe s.

Les murs gabions sont très à la mode et sont au service des caillasseurs-casseurs.

gabionJardin

Un mur gabion pour jardin (plus joli que les quérons).

Voir le Thesoc ‘cage’  pour les attestations récentes de gabja « cage ».

En provençal et langedocien existe le verbe engabia « mettre en cage ».

Un ami photographe Thomas Zumbiel a publié une belle photo de autos engabiadas:

Casse de Manduel vue du ciel

Aucune description de photo disponible.

En ancien occitangabion signifie  « petite pièce », ce qui semble être un emprunt aux parlers piemontais ou ligures voisins. Voir FEW II, 554

 

  1. Je n’essaie pas de résumer les différents essais d’explication de l’évolution phonétique. Si cela vous tracasse consultez les le FEW II, 554

chafre ‘pierre à aiguiser’

chafre ou acou « un carreau de dalle autrefois un Queux ‘pierre à aiguiser’ (Sauvages). Ce sens donné par l’abbé de Sauvages s’est conservé dans le Gard au moins jusqu’au  XXe siècle. D’après le FEW tsafre  a été donné dans plusieurs villages du Gard à Edmond pour l’Atlas linguistique de la France. Des attestations plus récentes, d’après le Thesoc  tsafre « pierre à aiguiser » à St Genies de Magloire  et chqfre dans l’Aveyron et la Lozère1.

Pierre a aiguiser Lombarde_23_cm

Pierre à aiguiser naturelle, elle est d’une couleur gris-bleue.

En ancien occitan le mot safre est attesté avec le sens « sablon pour colorer le verre ». Dans les patois modernes safre désigne toutes sortes de pierres,  de sable , de terre, de limon. Voici quelques exemples du FEW XI, 212:Safre_exemplesFEWSuivez le lien vers le FEW pour voir les autres significations !

L’étymologie est le grec  σάπφειρος (sáppheiros) et non pas le mot latin sappīrus ou saphīrus parce que en général la syllabe qui contient l’accent tonique est conservée à travers les siècles. En grec l’accent tonique se trouve sur le –ά-, et sáppheiros est devenu chafre,safre, mais en latin l’accent tonique tombe sur le –ī– , ce qui a donné saphir.

Manque de documents, on ne connaît pas (encore) comment le mot grec  σάπφειρος  devenu safre est arrivé dans la région parisienne, mais il est sûr qu’il est passé par la région de Marseille avant de passer au domaine d’oïl.

Il y a des saphirs  de couleur rose, jaune, violette et d’autres, mais la variété bleue est la plus connue. Inspiré probablement par sa couleur gris bleu on a donné le nom d’une pierre très dure à la pierre à aiguiser .

L’échelle de dureté relative des minéraux  et des pierres établie par Friedrich  Mohs date de 1812.   Le saphir est un corindon qui a la dureté 9 sur cette échelle,  ce qui veut dire que pour rayer un saphir il faut avoir un diamant,  la pierre la plus dure, dureté 10 sur cette échelle2.

En ancien français existait le mot safré ou  et ancien occitan safrat « orné de pierres précieuses, d’or etc. » On ne retrouve le mot safre qu’en moyen français en 1580 avec un sens très technique « oxyde de cobalt, qui mélangé avec du silex calciné sert à fabriquer le verre bleu ou l’émail bleu », et plus tard safre  devient le nom du verre fabriqué ainsi.

safre

  1. Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc oriental publié dans les années 1980
  2. Allez-voir le site de l’Atelier la Trouvaille si vous voulez en savoir plus. Mes fils Robert et Christophe ont une large gamme de matériel pour les géologue, les minéralogistes et les gemmologues. bandeau3

Cabessaou ‘coussinet de tête’

Cabessaou « tortillon, coussinet qu’on met sur la tête pour porter un fardeau ». Étymologie : dérivé du latin capitium « ouverture de la tunique par laquelle on passe la tête ». FEW II, 261b en bas de page.

La géolocalisation de ce mot avec ce sens  est limité à l’occitan à l’Ouest du Rhône. Je ne sais si l’objet et son utilisation est également limité?

cabessaou

cabessaou du XXIe siècle

Le sens le plus proche du mot latin se trouve dans l’Aveyron lo cabesso,dans l’expression otopà pel lo cabesso « saisir par le collet ».

Le sens le plus répandu de cabès   (chevet en français) latin est « traversin ».

Un chef 3*** a appelé cabessàou une crêpe roulée ». Un visiteur me le signale:

Je viens de lire l’article consacré à cabessaou et je voudrais signaler que ce mot désignait les » crêpes roulées ». L’;analogie de la forme de la crêpe roulée avec la forme du traversin explique sans doute cela.
Cette dénomination pour les crêpes était en usage dans la région de Tonneins, Le  Mas d’Agenais Damazan et environs.
Amicalement

 

 

asagadouiro ‘pelle à arroser’

asagadouiro  « pelle à arroser, arrosoir » est un dérivé du verbe adagar devenu asagar « arroser » qui vient du participe passé  adaquatus du verbe latin adaquare « arroser », Dans les attestations en ancien occitan du XIVe siècle le verbe a aussi le sens « ajouter de l’eau au vin » et la « piquette » s’appelle adagat.

Le mot est commun au languedocien et le gascon. En languedocien c’est la forme asaga- , en béarnais la forme  adaga qui est conservée. Voir le Thesoc asagar ARDECHE, AUDE, AVEYRON, GARD, HERAULT, LOZERE, PYRENEES ORIENTALES. et surtout le FEW XXIV,134a-b

Ma fille m’a procuré une photo d’un modèle utilisé à Taleyrac (Valleraugue), avec le mode d’emploi : « On puise l’eau et on l’envoie à droite et à gauche. »

asagadouiro_Taleyrac   asagadouiro_Taleyrac2

A ma demande un visiteur m’a procuré une autre photo de l’utilisation de l’asagadouiro. J’ai l’impression qu’il s’en sert plutôt comme d’une vanne. Photo prise à La Coste, hameau de St-Abdré de Majencoules (Gard)

Asagadouiro_foto 2  détail  asagadouiro_foto 2Detail

Description de cet outil tel qu’il est utilisé encore de nos jours selon un témoignage personnel, se trouve dans Maison  rustique du XIXe siècle. Vol.1, page 254. :

Asagadouire_1  Asagadouire_2

A la page 255 de la Maison rustique vous trouverez plus d’informations sur l’arrosage dans les Cévennes.. Suivez le lien ci-dessus.