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Gabieu, Engabier,

Gabieu : « cage, espace entre quatre ceps, mais aussi rangée de vigne, espace entre deux rangées .  « Gabia (A.). Gàbi (M). (Domergue écrit « espace entre deux rangées » est le sens propre à la bouvine camarguaise!).

Engabier « prendre la gabieu« . Engabiar (cl). Engabia (mis).

L’étymologie semble  être la même que celle du français cage, à savoir le latin cavea « cavité, creux; cage » .

La forme languedocienne gabia, gabio pose quelques problèmes de phonétique historique. En France comme en Italie on trouve des formes avec c- et avec g- à l’initiale. En langue d’oïl ca-  dans cage  n’est pas devenue cha-, en occitanle -v- est devenu -b- , et -be- devient normalement – ž- . Je laisse les différentes explications aux phonéticiens.

Dans mon dictionnaire latin j’ai trouvé aussi les sens suivants de cavea : « ruche; haie, buissons à l’aide desquels on protège les jeunes arbres » et « les gradins du théâtre« . Je pense que le sens  « rangée de vigne, espace entre deux rangées » donné ci-dessus et qui n’est mentionné dans le FEW que pour l’Aveyron, s’explique à partir  des derniers.

Le sens de gabio varie bien sûr suivant les localités, tantôt une « cage pour des oiseaux, des poules », tantôt une cagette pour faire égoutter les fromages.

Un gabiaire est un « fabricant de cages », engabiar « mettre en cage, enfermer, emprisonner ».

Le dérivé gabion est en ancien occitan « une petite chambre qui sert de poste d’observation », et en languedocien une « guérite ».

Pelha

Peio (M) pelha (A) « haillons; feu volage; croûte de lait; gribouillette (en cévénol jeu d’enfants consistant à jeter un objet au milieu d’enfants qui cherchent à s’en saisir : Jeter des noix à la gribouillette.); rougeole (en rouergat) ». Ce dernier sens peut-être par allusion à l’aspect de la peau quand on a la rougeole. Alibert donne beaucoup de dérivés qui se rattachent au sens « haillons ».

Un visiteur m’écrit: « Quand j’étais enfant, à Capestang, (fin des années 50 et début des années 60) la peila(chiffons) était le « ballon de rugby » avec lequel nous jouions, ce qui semble indiquer qu’avant l’arrivée des ballons en cuir ils étaient fait de chiffons.

Le mot semble très vivant en français régional, écrit peille, peilhe, pelhe etc. avec le sens de « serpillière ». Et Christan Camps dans son livre « Expressions familières du Languedoc et des Cévennes », donne une expression amusante: avoir une langue de peille « avoir la langue bien pendue ». (Midi Libre Juillet 2005).
Pelha vient du latin pilleum en latin classique pileus « un bonnet de feutre ou de laine qu’on donnait à l’esclave le jour de son affranchissement ».

Le pileus devient ainsi le symbole de la liberté, affranchissement, indépendance ».

     

pileus symbole de la liberté , et la pelha de nos jours?

L’image « pileus » fait comprendre l’évolution sémantique » bonnet » > » bogue de la châtaigne »; d’ailleurs le latin pileus désignait déjà l’enveloppe de l’embryon.

peillotte

Le mot pelha est maintenant limité au sud de la France, mais il a dû exister dans le nord, parce qu’on y trouve des dérivés comme le verbe pillier, espeillier etc. et le dérivé lyonnais : peillotte s. f., français rég. « enveloppe épineuse de la châtaigne ou bogue ». Pour aller chercher des châtaignes, il faut mettre des gants à cause des peillottes. Patois peillotta, latin Pilleum « feutre ».

Il est peut-être intéressant de noter que la prononciation a à peine changé depuis l’époque de l’occupation de la Gaule par Jules César: en latin parlé le -i- court accentué était déjà passé à -é-, et le -a final vient du pluriel pilea. La prononciation était donc pélha, ce qui en français régional donne peille.

Jour de peille à Cournonterral Phot Gazette de Nîmes, fevrier 2007
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Pour tout savoir sur cette tradition voir le site: http://georges.borg.free.fr/cadrenouv000.htm

Un visiteur m’écrit :

l’article « pehla » me suggère le dérivé « pelharòt » qui me rappelle ma jeunesse. Un pelharòt, c’est, initialement, un chiffonnier, mais dans la langue courante c’est quelqu’un de mal habillé, de négligé « il est habillé comme un pelharòt » « c’est un pelharòt« ; mot qu’on utilisait souvent, il faut bien le reconnaître, pour désigner les « caraques ».

Pelardon

Pelardon s..m.  « un petit fromage au lait de chèvre produit à l’origine dans la garrigue en Cévennes ». Le  pelardon aurait peut-être disparu si sa fabrication n’avait été reprise par les néo-ruraux qui se sont installés dans les années 50-60. D’après l’abbé de Sauvages, le goût poivré des pelardons vient de la viorne à feuilles étroites. Voir l’article vige

Etymologie : dérivé de pilare « presser » ou pilu « pilon ». FEW 8, 487a, note 21 pélardon.

Pego

Pego « poix »voir l’article  pegar

Pegar, pégasse, pego, pegous

Pegar « coller », du latin picare « enduire de poix, coller, goudronner ». Le sens « marquer sur la toison des brebis le chiffre du propriétaire » (Alès)  est déjà attesté dans les Basses Alpes en 1535. empegar « poisser » (SeguierI), s’empega , se sont empegas toutes dous en parlant par exemple d’un mauvais mariage de part et d’autre (SeguierI).

Pégasse fr.rég. « plat de pommes de terre » (Bernadette Lafont dans ‘La patate en fête. Edition 2004’ Edité par Germicopa , p.72 : « la recette m’a été indiquée par Jean Pellet, un berger cévenol. Je pense que ça vient du point de cuisson qui est atteint quand les patates et les oignons commencent à coller (péguer) au fond du poëlon ». Dérivé de pegar du lat. picare.

Pego « poix » dérivé du verbe pegar du latin picare « enduire de poix, » remplace en occitan et en catalan le mot petz, mot courant en ancien languedocien (13e s.) et qui était le représentant régulier du latin pix, picem. Anglais pitch, néerlandais pek allemand Pech viennent directement du latin.

Français poix a donné le verbe poisser « enduire de poix » d’où le dérivé poisse. L’allemand Pech haben est littéralement « avoir la poisse » une expression qui en français vient de l’argot des coureurs cyclistes et date du début du 20e siècle d’après le TLF. L’expression allemande Pech haben par contre date du 18e siècle. Elle est passée en néerlandais pech hebben. Grimm l’explique à partir du composé Pechvogel « malchanceux » littéralement « oiseau pris avec de la poix ». Je ne serais pas étonné si l’expression « avoir la poisse » n’est pas une création des coureurs cyclistes, mais un emprunt-traduction de l’allemand. En allemand elle a été créée dans le milieu des étudiants.

                          poisse                                                      quelques morceaux de pego naturelle

Pego-souleto « post-it » en bon français! composé de pego + souleto dérivé de latin solus. Néologisme recommandé. Pegassolet repris par Panoccitan.

A Marseille on connaît des Suce-Pègue : individu « pot de colle ». « Oh dis à ton frère qu’il me lache un epu. Que suce-pegue! » Tiré du site: http://www.marseillais-du-monde.org/dictionnaire.php3
Un visiteur de la région biterroise me signale : aquello empego! « c’est un peu fort de café ».

Pégot, le  «cordonnier,  savetier» est celui qui se sert le plus de la pègo.
Pegoumás, pegomas  « emplâtre ou cataplasme de poix; croûte sur la tête; torchon sale ». D’après Alibert pegomàs  signifie à Toulouse « rhume de cerveau; importun ».

Pégoulade « défilé avec des torches enduite de pego » Nîmes et Camargue

    

Pegous « gluant, fâcheux »; camparol pégous pour « Suillus granulatus » (champignon collant, Durieu); au figuré « qqn de collant » (Andolfi). Alibert s.v. pega ne mentionne que les sens figurés « fâcheux, geignard » etc. et « poisseux ».