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Tremolar

Tremolar, tremoulá « trembler; idiome des Cévennes, tremoulave d’après SeguierI,34v.; grelotter, frisonner».

Etymologie :   le latin s’est maintenu dans le Midi où l’on l’utilise encore dans beaucoup de mots : tremoulá = latin tremulare, dérivé de l’adj. tremulus « tremblant « ; ou comme subst. « populus tremula  » le peuplier », tremol en ancien occitan.        
Dans plusieurs endroits on trouve également la forme francisée tramblá  et le sens du verbe tremoulá s’est spécifié en « grelotter, frissonner ».

populus tremula

Traversier

Traversier « bande de terre » dans une partie des Cévennes. Français régional. D’après Alibert traversier « traversin; pièce en travers , traversine; adjectif contrariant ».


dessin de Michel Rouvière

Dans le site magnifique www.pierreseche.com  l’auteur précise que ce nom est limité à la région du Vigan et de Valleraugue. (Ayant habité à Valleraugue, je connaissais uniquement ce mot traversier)  En Ardèche  c’est « une terrasse transversale barrant une parcelle, en pente ».

Traversoier vient  du latin transversarius. Le mot en ancien occitan traversier signifie « traversin » (Narbonne, XIVe s.) ou « mur transversal »(XIIIe s.) ou comme adj. « transversal, mis de travers ».

C. Lassure écrit dans son site:

« en fait, si l’on se fie à des prix-faits du XVIIe et du XVIIIe siècles publiés par Adrienne Durand-Tullou et Y. Chassin de Guerny, on s’aperçoit que le terme désignait les murs en pierre sèche eux-mêmes, à l’exception des murs de démarcation en haut et en bas de la parcelle : « 16 cannes de traversiers à pierre sèche » (1653) (Aumessas);- « 4 traversiers (…) de hauteur convenable » (1661) (Alzon / Arrigas);- « construire 12 murailles à pierre crue et de bonne qualité, savoir 10 en traversiers pour soutenir le terrain » (1788) (Saint-Laurent-le-Minier). Il saute aux yeux qu’un traversier est en premier lieu un « mur traversier » et que ce n’est que par métonymie qu’il en est venu à prendre le sens de « terrasse soutenue par un mur. »

Notre attestation du XIIIe siècle confirme son opinion.

 

Photo de Michel Rouvière

Traucar

Traucar « trouer, percer ». Avant de lire, écoutez Serge Gainsbourg « Le poinçonneur des Lilas. » (Lien supprimé)

Dans LES CRIEES ET PROCLAMATIONS PUBLIQUES DU BARON D’HIERLE ( canton d’Aulas, Gard) de1415, je trouve comme première ordonnance le texte suivant:

1. Manda la court de monsenhor d’Irle, senhor d’esta viela, que negun home ne deguna femena, de qualque condition ou estat que sia, non auze jurar ny blasfemar maliciosamen de Dieu ny de la Verges Maria. Et aquo sus la pena de cent solz tournes donados al dich senhor, et de trauquar la lengua, et d’estar sus lou costel per l’espaci de una hora.

100 sous tournois, la langue trouée et rester une heure sur le costel « pilori » (instrument fait d’un poteau et d’une planche de bois dans laquelle on peut bloquer les mains et la tête d’un prisonnier). Il est plus sévère et plus cherque le roi Charles VI. Voir ci-dessous

per traucar la lengua au XXIe s. :    

                                                                                             et sus lou costel au Moyen Age

 Traucar est le dérivé verbal de trauc « trou » et vient régulièrement d’une racine *traucum . (-au- se maintient en occitan, comme dans pausam > pausa, causam >causa, ainsi que le –c devenu final après un o, u, au en latin, comme dans focum >foc, paucum > pauc.).

L’astérisque devant *traucum indique que ce mot n’existait pas en latin. La première attestation date du VIIIe siècle sous la forme traugum. Comme les représentants de cet étymon ne se trouvent qu’en galloroman et en catalan, on a pensé à une origine celtique. Mais, il n’y a pas d’appui pour cette hypothèse, aucun *trauc dans les langues celtiques. Il faudra donc supposer que les Gaulois l’ont créé ou bien emprunté à leurs prédecesseurs. Pour cette dernière hypothèse on peut trouver quelques données dans le basque troka, dans le dialecte des Asturies (nord de l’Espagne) torcu « trou dans la terre » et en sarde trokku « abîme », qui reposeraient sur une base *troco. Mais cette base ne rend pas compte des formes avec -au- de l’occitan et du catalan trauc « trou, boutonnière ». Trauc reste donc un trou dans nos connaissances de l’histoire de la langue.

Remarque 1. En suivant le FEW qui se base sur l’Atlas linguistique de la France, le TLF remarque à propos de la notion « trou »:

« Dans l’Est et le Sud-Est, le type pertuis (v. percer) est plus largement utilisé, v. FEW t. 13, 2, p. 232a. ».

En contrôlant avec le Thesoc pour le Sud-est en tout cas, pas de confirmation; il ne donne le type pertuis que pour les dép. de l’Allier, la Creuse, l’Indre et le Puy-de-Dome. A Montélimar dans la Drôme est attesté traouché adj : « percé ».

Remarque 2. D’après le dictionnaire Panoccitan, un « petit trou » est un titolon, trauquet ou trauquilh et pour simplifier l’apprentissage de l’occitan un « poinçonneur » un senhalador, mais « poinçonner » ponchonar. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. En français, le poinçonneur est maintenant remplacé par, devinez! , un mot de typographe d’origine italienne, composteur, qui ne sert pas à faire du compost, ce serait trop simple, il sert à faire des petits trous (en tout cas à la gare de Lyon à Paris), comme autrefois le poinçonneur des Lilas.

Serge Gainsbourg   Charles VI dit Le Fou

Complément: Charles VI est plus clément que le baron d’Hierle.. En 1397 il ordonne que les blaphémateurs seront mis pour la première fois, au pilori * où ils demeureront de une heure jusqu’à neuf heure, on pourra leur jeter aux yeux de la boue ou autres ordures, sauf des pierres ou choses qui pourraient les blesser. Après ils demeureront un mois entier en prison au pain et à l’eau. A la seconde fois, on leur fendra la lèvre supérieure avec un fer chaud jusqu’à ce que leurs dents leur paraissent, à la troisième fois la lèvre inférieure ; et à la quatrième fois les deux joues ; et si par malheur, il leur arrivait de mal faire une cinquième fois, l’on leur coupe la langue en entier, qu’ainsi ils ne puissent plus dire de pareilles choses.

Trast

Trast « soupente, galetas » du latin transtrum « poutre transversale », sens conservé en wallon.

En Occitanie c’est ce qui se trouve au dessus des poutres : le grenier, et ce qui  intéresse  les chineurs « les vieux objets, les vieux meubles, les guenilles,etc. » qu’on descend vers les  vide-greniers. Une relation de contenant > contenu.

Trastes est le plus souvent au pluriel!  Dans le Tarn on traite des « personne chétives » aussi de trastes.

       

Le mot a existé en ancien français, mais a dû céder la place à tréteau. Le catalan l’a également conservé: traste « meuble, ustensile de cuisine » et espagnol trasto « chose inutile ». Anglais transom « linteau », ancien anglais « poutre », breton treûts, trest.

Trallar

Trallar « se promener », fr. rég. traller « se balader, vadrouiller » (Lhubac).

Le verbe trallar se trouve dans les volumes Incognita du FEW, avec dans  l’article « Les fêtes »  les mots occitans que voici:  Puisserguier trallo « noce, fête, riboter, fainéantise », Toulouse « folie, débauche » (M), tralla v. « secouer, remuer, agiter, faire la fête, vaquer, se promener »(vol. XXII/2, 175 b). L’auteur suggère l’étymologie : *tragulare, vol. XIII/2, 175b.

En  moyen français est attesté  le verbe traller « troller » terme de chasse. Dans le TLF, s.v. troller avec une variante traler, il y une définition bien plus précise: « chercher la bête avec les chiens sans avoir aucune piste et sans avoir quêté auparavant avec le limier ».  C’est une variante de « vadrouiller » pour les chasseurs.

Quand un mot comme trallar quitte le milieu des chasseurs et passe dans la langue générale, le sens devient également plus général. Dans ce cas précis il devient synonyme de « vadrouiller, se balader ».
Dans le TLF s.v. troller vous pouvez lire les problèmes et propositions d’ordre phonétique de cette étymologie .

Voir aussi l’article dralha « piste »