cat-right

Biscar

Biscar, bisquer « bisquer; avoir du dépit, pester » semble être un mot occitan, emprunté par le français. au 18e siècle.  Le FEW (suivi par le TLF) propose comme origine le nom de la province espagnole Biscaye. Il cite un texte de François de Calvi daté de 1631 qui montre que les Biscayens étaient considérés comme des larrons ou des gueux.

J’ai voulu vérifier et une fois de plus  le résultat de ma recherche sur le web a été un badobec.  J’ai tapé entre parenthèses : « Histoire générale des larrons »,   et le livre de François de Calvi, numérisé par la BNF, apparaît en première ligne. En suivant les indications du FEW, je trouve à la page 22 du 3e volume le texte cité qui montre en plus que le vocabulaire pour désigner les larrons était très riche à l’époque.

Biscaïn est attesté en occitan avec le sens  » traître » et comme adj. « acariâtre, grognon, méchant ». Le verbe biscàr  « être vexé; se fâcher, ennuyer ». A Barcelonnette un biscquet est un « petit rageur », la bisca « la colère ».

Biscave ; Biscaye ; Biscaille est aussi le nom de la prison du Bicêtre en argot parisien du XVIIe au début du XIXe siècle. Un biscaïen est un « larron ».

Un biscain est aussi une « grosse bille en marbre ». L’évolution sémantique a été : « mousquet utilisé en Biscaya » > « balle pour ce mousquet » > » balle » > « bille ». Une  belle évolution sémantique par métonymie.

D’autres étymologistes ont proposé un mot occitan bisco « chèvre » comme origine, mais ce mot n’est nulle part attesté, ce qui rend cette hypothèse impossible.

Le mot  Bribantins  dans le livre de François de Calvi est peut-être un autre exemple d’un nom de région, ici le Brabant, devenu nom commun.  Le bribantin ou brigantin était l’un des plus gros navires utilisés par les pirates.

Jean Daumas, un blog 

était un vilain petit biscaire. Il racaonte:

Bisquer :
Râler à cause d‟un quelconque désagrément ou d‟une saute d‟humeur. Quand on
était enfant à l‟école un jeu cruel consistait à entourer le plus influençable du lot à la
récréation et de lui répéter à satiété en scandant, il bisque, il bisque il bisque tout en
braquant les doigts vers lui jusqu’à ce qu‟il fonde en larme. Méchanceté gratuite
complètement absurde et ridicule !

Beleta

Beleta « belette »  est un dérivé de bellus, bella comme fr. belette.  L’étymologie de beleta n’est pas captivante. Le pourquoi du remplacement de mustela  par beleta   d’autant plus. La superstition qui est à l’origine du nom beleta « la belle » est une très ancienne histoire.  J’y consacre un long article :  moustelo  avec tous les noms de la belette en occitan.

Dans le Puy-de-Dôme beleta, bœlto, bœlœto désigne aussi le « lézard gris ».  Le pourquoi  de ce nom ne m’est pas clair.

Biòu

Biòu « taureau ». Utilisé surtout en Camargue. Prononcez [biàou]. Il vient du latin bos, accusatif bovem « boeuf, vache ». Pour les Camarguais une vachette est aussi un « biou » et ils respectent donc la langue latine telle que des Romains la parlaient.

le biou et le raseteur

Pour tout savoir, visitez le site de R.Domergue. Un biòulas est un gros taureau et un bioulet un petit.

Un taou(r) sert à la réproduction. Quod licet Iovi, non licet bovi. (Ce qui est permis à Jupiter, n’est pas permis à un biòu.)


Tau, taur

Tau(r) « taureau entier ». L’occitan a conservé la diphtongue audu latin : causam > causa, pausam > pausa, et taurum > taur, tau.

En Camargue le tau est le « taureau non bistourné », les autres s’appellent biòu

Un toisième type est le brau « taureau étalon d’origine domestique » (Camargue), mot qui a remplacé tau dans beaucoup de patois. Brau vient du latin barbarus au sens « sauvage, non domestiqué ». En ancien occitan brau adjectif signifie « farouche, rude, mauvais » comme substantif  « taureau ».

brau d'Aubrac

Lou Brau, Reï de l’Aubrac,
se repauso i mitan de sas vachos

Bigour

Bigour, bigornau « murex » (Alibert), « littorine » (Panoccitan). Voir plusieurs sites Wikpedia à partir de Murex. Le sens exact ne m’est pas connu, il doit varier d’un endroit à l’autre.

                    Murex                                                          Bigorneau                                                                            Murex pourpier

C’est à partir d’une glande du murex (Bolinus brandaris) que les anciens ont obtenu la fameuse pourpre de couleur violacée. Utilisée pour teindre le parchemin et en teinture des tissus. C’était un pigment très très cher, connu   dès 1600 av. JC. La pourpre  a été utilisée jusqu’au haut moyen-âge. La recette aurait ensuite été perdue.  Il faut plus de 10 000 individus pour obtenir environ 1 gr. de pigment. Couleur citée par Pline l’Ancien, M. Pastoureau, F. Brunello..Tiré du site http://www.or-pigments.com/animaux.html. Dans la page Tyrian purple , d’un autre site, il y a une traduction en anglais de la recette de Pline l’Ancien. suivie d’un cours de chimie!

L’étymologie de bigour est latin bicornis « qui a deux cornes ou deux branches ». Le sens du mot s’adapte à son environnement. En français un bigorneau  est une espèce de petite enclume , et dans le milieu des corroyeurs une masse en bois qui sert à fouler les peaux mouillées; dans le Morvan on nomme bigour un trépied pour travailler le bois.   Le bigorne est aussi  un animal à deux cornes, par ex. en Suisse « un petit escargot » en Bretagne « un limaçon de mer, comestible », en Poitou c’est « un animal fantastique à deux cornes ». Enfin on s’en sert pour décrire des défauts corporels ou psychiques: dans le Queyras bigorno « personne stupide ».