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Brousto

Brousto « pousse, ramée » (M). Alibert donne deux formes: brost et brot.  Brousto  est dérivé du germanique *brust « pousse ». Ancien occitan brost et brosta « feuillage, ramée » fin XIIe s. Cf. fr. brouter, broutille. Le sens « jeune pousse » se trouve surtout dans le Midi et en catalan brosta.

Voilà une famille de mots qui relie le moyen âge à internet. Pour trouver ce site sur internet vous avez utilisé un browser , comme Mozilla ou IE, littéralement un « brouteur ».

Le verbe anglais to browse: « paître »; to browse through a book « feuilleter un livre « . Emprunté au moyen français brouster dans lequel on a pris le -t final pour la forme du participe passé : *browsed.
Le substantif occitan brousto « pousse » se traduit en anglais par the browse « tender shoots, twigs, and leaves of trees and shrubs used by animals for food « . Suivez ce lien vers le Metaglossary

Brodo

Brodo s.f. « paresse, fainéantise » (S2) est encore très vivant dans le français régional : avoir la brode, avé la broda (Camps) , la brode le prend (Lhubac). D’après Camps il y a de nombreuses attestations dans le Gard et les Cévennes (où?). Dans le FEW il n’y a que les attestations de l’abbé de Sauvages (S2), reprises par Mistral et deux attestations dans le Puy-de-Dôme où brodo signifie « envie de dormir ». S2 donne aussi le verbe broudà « lambiner ».

Je viens de trouver une attestation cévenole, dans le Vocabulaire de mots occitaniques   de Fabre d’Olivet:

Mistral ajoute les composés abroudi et abroudimen:

Mistral_ abroudiTout ce groupe de mots est limité au languedocien, à part les deux attestations du Puy-de-Dôme. L’étymologie en est inconnue.

En cherchant dans les Incognita du FEW, j’ai encore trouvé d’autres attestations, qui du point de vue sémantique et phonétique peuvent appartenir à la même famille: limousin brodo s.f. « homme lâche qui manque de vigueur et de courage; mauvais cheval »; « personne capable de rien, nulle »; dans le Puy-de-Dôme brodo « envie de dormir »; dans le Dauphiné brodo « sobriquet des montagnards alpins; mal élevé, grossier ».

Bresegon

Bresegon, bresegoun, presegoun « fragon, petit houx ( ruscus aculeatus) ». Wikipedia .  Il est utilisé localement lors de la fête des Rameaux comme substitut aux branches de buis. (De là le nom buis troncut , et buis salvatge donné dans le dép. du Lot, d’après Thesoc et non pas bois -).

Les jeunes pousses sont comestibles, crues ou cuites, comme les asperges sauvages, par contre, les baies sont toxiques.

Le FEW suppose pour des raisons d’ordre phonétique, que les formes du Nord de la France avec fr- comme fragon, ancien français fregon, reposent sur un gaulois frisgo « petit houx ».

En occitan nous trouvons une forme bregou(n), brigon , dont l’initiale br- au lieu de fr- s’explique par l’influence de brusc « bruyère, broussaille » en occitan. (Cf. l’article brusc « ruche » et le  DMF s.v. bruscum.) Principalement en languedocien existe le forme bresegoun avec insertion d’une voyelle svarabhaktique (j’adore ce mot, il fait très savant!) dans le groupe -sg- > -seg- qui par la suite devient -zeg- e.a. dans le Tarn et à Toulouse. Voir aussi l’article grefuelh

Breilh

Breilh. La dormeuse de Mirepoix me demande d’éclairer le mystère des « breilhs, breils ?, la zone de mares, bras vivants ou morts, eaux dormantes, sables mouvants, petites résurgences, bref la zone humide, intermédiaire entre le cours principal de la rivière et la terre ferme. »
Le lendemain elle me donne une précision : « Une habitante du village  Arvigna, cultivatrice, me donne une définition plus précise du breilh : »c’est l’espace planté d’arbres amis de l’eau, qui se situe entre les terres labourables et la rivière. On ne parle pas de breilh s’il n’y a pas d’arbres ».Il semble qu’à Mirepoix, on insiste davantage sur la qualité de terre humide. »

Ci-dessous les images qu’elle m’a fait parvenir. Avec le commentaire suivant: photo à gauche : prise depuis le lit du Douctouyre (Arvigna), le breilh, c’est la zone de taillis, bordée d’arbres, que l’on voit au fond, au centre; photo de doite : A Mirepoix, le breilh, c’est plutôt comme sur la photo, au fond, sous la cathédrale, la zone mi-terre, mi-eau :

     

Arvigna                                                                                                    Mirepoix

En cherchant l’étymologie de ce mot, je tombe sur le mot brül qui dans la région Oberhessen (Darmstadt, Allemagne) signifie « pré bas, humide, à l’origine genre plus ou moins marais, de nos jours asséché ou endigué ». (W. Crecelius, Oberhessisches Wörterbuch. Darmstadt, 1897-1899).

Vous allez me dire, c’est loin de Mirepoix.ça, et je vous réponds : et Puschlav (Graubünden, Suisse) brölu « jardin avec des arbres », et Catalogne brolla « formacio vegetal més o menys densa on predominen arbusts o mates de fulla persistent » et en Normandie broil « bois ». Le mot a surtout survécu dans la toponymie.
Le Pégorier  ‘est  de nouveau  gratuit.  Il donne : breil, breille « petit bois; forte haie » (Languedoc); breil, breuil « petit bois » (ancien français) Variantes : breille, breuille. Breil, broil « buisson » (Champagne).

Il s’agit du mot d’origine gauloise *brogilos un dérivé de broga « frontière, limite; champ » qui nous avons  rencontré à propos de broa « bord, orée, talus ».  Suivant la configuration du terrain le type broga peut désigner une « haie », une « bordure de rivière », un « bord gazonné au pied d’une terre » etc., mais la notion de « limite » est toujours présente. C’est exactement cette notion de limite, bordure qui est présente dans le mot breilh de Mirepoix et à Arvigna. Voir aussi le mot français breuil « Petit bois clos, servant de retraite au gibier; ,,pré établi sur un ancien bois marécageux«  (Zél.) »dans le  DMF.

Le mot se trouve dans toutes les régions où les Celtes ont vécu.

Von Wartburg écrit dans le FEW I, 555 b, que breuil a pris pendant la féodalité le sens secondaire de « terre défriché dont le seigneur restait quand même le propiétaire ». Ce sens a été conservé en ancien lorrain bruel « pré seigneurial que les habitants d’un village étaient obligés de faucher ».          Et dans une note il ajoute que ce sens secondaire se retrouve dans le domaine allemand voisin: ancien alsacien brügel « un pré destiné à l’utilisation privé du seigneur ». En France il serait limité à la zone qui a fait partie du Royaume Allemand.

En ancien occitan brolh signifie « jeune bois, bosquet, breuil », en occitan moderne un bruiet est un « petit bouquet de bois ». le mot prend par métonymie le sens de buissons, jeunes pousses : par exemple bruei « rejeton , jet d’une plante qui sort de terre », ancien occitan brolha s.f. (à partir du pluriel) « feuillage, multitude », bruioun  » bourgeon, rejeton de chou; bouton sur la peau » et le composé debruià « arracher les mauvaises herbes »

J’ai signalé mon article à un collègue allemand ,   qui m’a répondu que le nom de famille Brel a la même origine. Ceci est confirmé par le site Généanet : « Le nom est une variante de Breuil (= bois clôturé, gaulois brogilo). On le rencontre surtout dans le Sud-Ouest (46, 82), mais aussi bien sûr en Belgique. »

Et il m’a aussi incité à consulter le dictionnaire de Grimm, s.v.Brül, qui donne : « BRÜL, m. campus aquis irriguus, pratum palustre, aue, buschigte wiese, mlat. brogilus, brüel, breuel, bruwel, bruhel, brühl. BEN. 1, 267b. franz. breuil, it. broglio. freier brüel. weisth. 1, 458. 2, 257; die saw in briel jagen. FRANK spr. 2, 47a. hirschbrül, statio cervorum circa loca aquosa et virgultis amoena. STIELER 251. STALDER 1, 233. In den städten heiszen straszen oder andere plätze oft noch brül « . Je traduis cette dernère phrase : Dans les villes, certaines rues ou d’autres endroits s’appellent souvent brül. Et un BRÜLING, m. est un porcus anniculus, un proc d’un an qu’on lâche dans le brül.   Si quelqu’un veut approfondir cette histoire, il y a de la matière!

Aux Pays Bas il y a la villeDen Briel. Etant néerlandais vivant en France, je ne peux m’empêcher de vous rappeler l’histoire de Den Briel. La Prise de Den Briel, le 1er avril 1572, par des rebelles protestants est à la base de la République des Provinces Unies. Les Pays Bas sont restés une République de 1581 jusqu’à la création par les Français  du Royaume de Hollande en 1810.  Curieux!

 Le1 avril 1572 Den Briel  est conquis par les Gueux de la mer.

Brassejá

Brassejá « gesticuler », brassetcher en fr.rég.(Lhubac), est un dérivé du latin brachium « bras » qui semble bien languedocien. On le retrouve en cat. bracejar  et espagnol  bracear. En ancien occitan brassejá signifiait également « mesurer avec les bras ».

La forme brassegá a  probablement été créée sous l’influence du mot boulegá. En français brasseyer se dit uniquement en parlant des voiles d’un bateau.

Aujourd’hui le 25 mars 2004, un politicien de Montpellier ayant une tête très catholique,   disait à propos d’un autre politicien connu de la Lozère, que celui-ci ne faisait que brasseger.

Brassejaire « journalier ». L’ancien occitan brasier « ouvrier, manœuvre ; celui qui travaille la terre avec les bras », dérivé du latin brachium « bras » a été conservé  dans ce mot languedocien. Voir TLF brassier

Brasselieiros « bretelles fixées à un tablier ou un jupon » (languedocien d’après Mistral), dérivé de  latin brachium « bras ». On trouve aussi la forme brasiêros avec le sens « lisière pour soutenir les enfants ».

Brassier « ouvrier agricole » voir brassejaire