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Escaoumer ‘brûler’

Escaoumer « brûler » Lhubac1 vient du grec καυμα (cauma) « chaleur du soleil ».  FEW II,538b

Le premier sens attesté en occitan de cauma, caumo est « grande chaleur » . Le dérivé caumasso devient  » chaleur étouffante »,le verbe  escauma « échauder » et escaumarrado « chaleur accablante ».

Pendant la grosse chaleur on ne peut pas faire grand chose, même pas manger : chaoumar à Barcelonnette « cesser de brouter et se reposer à l’ombre (en parlant des moutons) », coumà dans l’Aveyron,  devenu chomer « se reposer  » en ancien français, et les jaloux qui ne peuvent pas faire la sieste appellent ceux qui la font chomeur « homme paresseux ».  Chomer perd ce sens péjoratif et devient « ne pas travailler faute d’ouvrage », mais ce sens est relativement récent, début du XVIIe siècle. Avant cette époque on ne chomait que pendant les jours de fête, féries ». Les deux sens co-existent en français moderne.

D’après le FEW cauma est devenu calma en italien et a pris le sens spécifique de « cessation complète de vent » comme terme de marine, emprunté au XVe siècle. Depuis le XVIIe siècle calme est utilisé au figuré avec le sens  « absence de passion », etc.

 

 

  1. Qui raconte une histoire d’un cuisinier qui vérifiait la température de l’huileescaouder avec son doigt sans s’escaumer. Un ami de Montagnac me confirme : « je me suis escaumé », pour dire « je me suis brûlé »

Escaume ‘dame de nage, tolet’.

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Escaume « tolet » ou « dame de nage » vient du grec σκαλμος  emprunté par les Romains scalmus   toujours avec le même sens. Le mot se retrouve dans tous les parlers marins de la Romania, sauf en normand qui a gardé un mot ancien nordique  þollr « arbre; poutre »,  cf. le danois et le norégien toll, le suédois tull « tolet ». (CNRTL tolet). Le type nordique a gagné du terrain sur la côte atlantique au détriment du type scalmus ( FEW scalmu XI,272b)

escaumo escaumos    escaumo2

Dans le travail inestimable du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud :

De la Nave au Pointu

Glossaire nautique de la langue d’oc

Provence-Languedoc

Des origines à nos jours

Dans l’Édition sur CD de 2010, je trouve plusieurs attestations comme celui-ci:

1510: « …pour bois employe a faire pedagnes et escalmes… » Archives Départementales BdR. B 2551 f°148v°

et des dérivés :

Escaumado s.f « bordage qui porte les tolets et les toletières d’un bateau. »; Escaumot s.m 1636: « Plus en rombauds, encentes, escaumots… » A.D. BdR. 14 E 403 (n. fol.).

Cotgrave écrit dans son dictionnaire de 1611 scalme « a thowel »=  thole  en  anglais moderne1 c’est-à-dire « tolet ».

scalme_Cotgrave

et qu’en provençal un peis escomé est un « brochet de mer ».

peis_escomeCotgr

peis escomépeis escomé

Palavas escan « tolet » (faute de lecture  u>n ?), et escaumieira « petite pièce de bois placée sur le plat-bord pour recevoir le tolet »  sont placés par erreur  dans l’article  scamnum 11,278a 

  1. Contrairement au français, l’orthographe de l’anglais a bien évoluée.

Pacholo une ‘bagatelle’?

Pacholo (pachole en français régional, vulgaire)  signifie « sexe de la femme » d’après Lexique de Marius Autran.  en provençal, confirmé par d’autres attestations. Étymologie. Il doit s’agir d’une évolution récente, en tout cas Mistral ne le mentionne pas tout en distinguant deux pacholos  différents:

PacholoMistral

Le premier pacholo est un dérivé de pacho  « pacte » du latin pactum « traité, contrat ». Le FEW VII,461 nous donne plusieurs significations proches de « petit marché » : à Marseille « tripotage, mélange d’accords ou de pactes », pachouliá « faire des petits marchés, brocanter », un pachouliaire est un « brocanteur ».

Le second pacholo vient d’après le FEW VIII,28 d’une onomatopée patš qui en occitan a donné pachoulha « faire un mélange hétéroclite », pachôlo « tripotage, mélange qu’on fait de plusieurs choses qui se voyent rarement en semble » (Sauvages S1), pachoukë « chipotier, vétilleur » (idem), etc. Alibert donne une grande quantité de dérives dans son article pachaca.

Il reste la problème de l’évolution sémantique 1. »petit marché » ou 2. « mélange »  > « sexe de la femme ». Je penche pour le premier, le latin pactum, parce que nous trouvons une évolution sémantique analogue dans le mot bagatelle. emprunté à l’italien bagatella au XVIe siècle avec le sens « chose de peu d’importance, babiole »  >  « frivolités féminines » >  « galanteries, amourettes » > « amour physique ».  (CNRTL bagatelle)

En occitan il y a un second exemple cf. Mistral p.538-9   chaucholo « sauce abondante, soupe au vin, gourme v. pacholo; fadaise, vétille, niaiserie, baliverne, sornette »  nous voyons un glissement de sens comparable. En français « Jeter sa gourme. Faire des folies de jeunesse.

destrecha ‘pressoir’

Destrecha « pressoir pour les raisins ». L’étymologie est l’adjectif /participe passé latin  districtus  » resserré, étroit, abattu, serré ».  D’après le Thesoc le mot est limité aux départements  ARDECHE, GARD, et HERAULT.

D’après le FEW III, 100  destrech est  attesté en occitan ancien et moderne avec le sens « passage étroit entre deux montagnes: pressoir; machine à bois à 4 piliers pour ferrer ou panser les chevaux vicieux ».  Le féminin destrecha signifie déjà en ancien occitan « contrainte, amende, impôt, austérité ».

Dans les Alpes destreicha a pris le sens de « repas qu’on fait à la fin de la moisson », une évolution sémantique à expliquer.

L »abbé de Sauvages donne la forme destrë  avec le description suivante :

destrë_S1

Le féminin de l’adjectif est dëstrëchos,  comme il ressort de l’exemple  nozës dëstrëchos. Je ne sais pas ce que sont des noix cingleuses ? Grâce à l’attention d’un visiteur fidèle, j’ai pu vérifier dans la deuxième édition du Dictionnaire languedocien de l’abbé Sauvages où il corrige cingleuses en anguleuses.

 

truelh, triol ‘pressoir’

Triol, truelh « pressoir » Étymologie. Une visiteuse du site  m’écrit :

J’habite à Prades-le-Lez, village au nord de Montpellier dans une impasse appelée « Lou Triol », j’ai vainement cherché ce que le mot Triol pouvait signifier (lou = le), dans mon entourage personne n’a pu me renseigner. Avant la construction de notre lotissement en 1987 il y avait des vignes… je ne vois pas le rapport avec Triol. Si vous aviez une petite indication sur ce mot je vous en serais très reconnaissante.

J’ai pu lui répondre:

Bonsoir,
Triol ou Truelh vient du latin tŏrcŭlum « pressoir », il s’agit donc probablement de l’endroit où se trouvait le pressoir ou l’auge dans laquelle on écrasait le raisin avec les pieds ».

truelh XVe s.

truelh XVe s. Wikipedia

Tŏrcŭlu est devenu truey, truilh, triol, trel, truel, treu en occitan. Voir le Thesoc s.v; pressoir à raisin.  et comparez la répartition géographique du type truelh; truolh  avec les données du FEW XIII/2, 39  et vous verrez que la zone Tŏrcŭlu est beaucoup plus grande qu’on ne supposerait avec les données du Thesoc. Elle s’étend grosso modo jusqu’à la Loire.

Dérivés : troulhié maître du pressoir, trolhar « presser »,   l’auge pour écraser le raison s’appelait trouïadouïro à Alès.

L’article du FEW occupe 4 pages. Il y a pas mal de mots occitans qui viennent de torculum.