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Biòu

Biòu « taureau ». Utilisé surtout en Camargue. Prononcez [biàou]. Il vient du latin bos, accusatif bovem « boeuf, vache ». Pour les Camarguais une vachette est aussi un « biou » et ils respectent donc la langue latine telle que des Romains la parlaient.

le biou et le raseteur

Pour tout savoir, visitez le site de R.Domergue. Un biòulas est un gros taureau et un bioulet un petit.

Un taou(r) sert à la réproduction. Quod licet Iovi, non licet bovi. (Ce qui est permis à Jupiter, n’est pas permis à un biòu.)


Tau, taur

Tau(r) « taureau entier ». L’occitan a conservé la diphtongue audu latin : causam > causa, pausam > pausa, et taurum > taur, tau.

En Camargue le tau est le « taureau non bistourné », les autres s’appellent biòu

Un toisième type est le brau « taureau étalon d’origine domestique » (Camargue), mot qui a remplacé tau dans beaucoup de patois. Brau vient du latin barbarus au sens « sauvage, non domestiqué ». En ancien occitan brau adjectif signifie « farouche, rude, mauvais » comme substantif  « taureau ».

brau d'Aubrac

Lou Brau, Reï de l’Aubrac,
se repauso i mitan de sas vachos

Calut, caludo, caludasse

Calut, caludo « nigaud », un mot que nous rencontrons à Manduel surtout sous la forme de l’augmentatif caludasse. Alibert donne caluc, caluga adjectif et substantif  « myope; qui a le tournis (en parlant d’un mouton) qui a le vertige; sot imbécile ». L’abbé de Sauvages parle de fedo caludo et décrit cette maladie des moutons appelée en français le « tournis » ou plus scientifiquement la Cénurose. Les moutons qui souffrent de cette maladie, tournent souvent en rond.

cénurose

cénurose

L’étymologie est le latin caligo « brouillard, vapeurs, fumées » mais aussi « ténèbres ». Au figuré le mot latin prend déjà le sens de « aveuglement d’esprit ». Ciceron parle de « la confusion , le désordre de ces temps »: caligo illorum temporum. Les deux sens, au propre et au figuré sont conservés dans la langue d’oc = la langue du Midi.

  1. Au sens propre : « brouillard, brume obscurité » en languedocien dans le dérivé calignada « braise, feu de menu bois » et dans caluga  « muge », un poisson dont les yeux sont à moitié recouverts. Voir l’image dans le site marseillais : http://www.marseille-sympa.com/muge.html. Le sens le plus fréquent en occitan ancien et moderne est « myope ». Le verbe escaludà à Nîmes , mais escalugà à Colognac signifie « éblouir, aveugler ». Le mot a été conservé aussi en ancien français chalin, calin « brouillard, brume, obscurité ». (Cf. Godefroy). En français moderne  caligineux.
  2. Au figuré, calu, calut ou caludasse « aveuglement de l’esprit » > « niais, nigaud ». A Nîmes on prononce de nos jours  calu, calude  « fou, inconscient, idiot(e) » (Mathon), en  francitan à Gignac caluc, caluga subst. « sot, imbécile et même fou » (Lhubac). D’après les exemples qu’ils donnent, le mot est souvent utilisé dans la circulation  pour décrire la façon de conduire des autres.

En Camargue, « certains taureaux calus (fous) bacèlent dans les planches. » (Domergue), qui dans son Lexique de la 2e édition de Avise le biou ajoute : « Un caludas est un gros calu. Au sens premier calu signifie  « myope ».

J’ai l’impression que les formes avec un -d- sont limitées au Gard , Nîmes- Ales.   A Marseille : calu « fou ».

Arcana

Arcana s.f. « craie rouge, ocre rouge, sanguine, oxyde rouge de mercure ». L’étymologie est le nom du « lawsonia inermis », appelé henné en français moderne, Henna ou echte Alkanna en allemand. C’est un arbuste de l’Orient dont les feuilles servent à fabriquer un colorant rouge depuis la nuit des temps. Il s’agit du  hinna en arabe et au XIIe siècle ce nom a été latinisé par Gerardo di Cremona (1114-1187) en alchenna. Ensuite il  a été vulgarisé par les médecins dans les langues romanes. FEW XIX,71

           

                                    lawsonia inermis.…………….. alkanna tinctoria

En ancien occitan le diminutif arcaneta a été donné à une plante locale, « alkanna tinctoria » orcanette en français moderne qui donne une couleur comparable ( or- au lieu de ar- probablement sous l’influence du mot or).
Dans notre région et en franco-provençal le mot sert aussi à désigner « l’ocre rouge » dont se servent les charpentiers pour marquer les poutres et les marchands de bestiaux pour marquer les bêtes. Un Néerlandais occitanophone (oui ça existe !) m’écrit : »arcana » èis un mot coneissut en Droma per desinhar lo marcaire roi de fias (fedas).
Beaucoup de dérivés sont attestés dans la région de Loriol et de la vallée de la Drôme, comme arcanayre « ouvrier employé aux mines de fer », arcanœyro « coloration en rouge » et arcanà  « marquer à la craie rouge », mais je pense que ces mots existent également dans la région de Roussillon.

     

Les carières d’arcana à Roussillon.                          Avoir les  arcanettes         

Arcanettes, avoir les arcanettes « le sang qui monte à la tête »  expression très courante en français régional.

Anoublo

Anoublo s.m. »taureau d’un an » (Camargue) est attesté en occitan depuis le 16e s. Du latin annuculus (une transformation de anniculus) qui aurait dû donner anoulho, une forme qu’on trouve e.a.dans l’Aude. La terminaison -bl- s’explique par contamination du mot doublo « pouliche ou génisse âgée de deux ans ».

 

Il est évident que la notion « agé d’un an » est centrale. Le mot s’applique à d’autres animaux; cela dépend de l’élévage local: anolh« agneau d’un an » et ailleurs, « chèvre, vache d’un an » . Dans l’agriculture c’est une « jachère ».