Badar
Badar « bĂ©er, bayer » bader en français rĂ©gional, badailler, badetcher (Lhubac). L’Ă©tymon doit ĂŞtre un latin vulgaire batare « bayer, bĂ©er », qui n’est pas attestĂ© avant le VIIIe siècle. DĂ©jĂ en ancien occitan badar signifie: « ĂŞtre ouvert, s’ouvrir; ouvrir la bouche; bĂ©er; regarder bouche bĂ©ante » etc. Dans le Donatz proensal du XIIe siècle : badar = os aperire.
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Badar a eu un riche dĂ©veloppement sĂ©mantique, souvent plus ou moins pĂ©joratif. Dans les arènes camarguaises un taureau peut bader les gens en contre piste ou sur les gradins : les regarder en se dĂ©sintĂ©ressant des raseteurs. (Domergue). A NĂ®mes badar « regarder », signifie aussi « admirer ». Ma grand-mère disait :‟celui-lĂ il bade tellement sa femme qu’elle le mène par le bout du nez”. Dans la pĂ©tanque un Jeu qui bade est un jeu facile. V+ G+ C+ M+. Boule qui bade, boule facile Ă tirer.(Domergue, Avise, la pĂ©tanque!)
On a créé de nombreux dĂ©rivĂ©s, surtout des adjectifs,  avec le sens « fou, niais, sot »Â badaul, baduel, badaluc, badarel, baduec. En ancien occitan: badoc subst. est le « fou » du jeu d’Ă©checs.  (Raynouard) . D ‘après Mistral ma badino a un sens positif « ma mignonne » en languedocien.
Dans l’Aveyron est attestĂ©e une jolie expression: un badobec « une parole ou une action qui jette dans l’Ă©tonnement ». Alibert donne les sens: « musard, badaud, nigaud, bâillon ».
DĂ©rivĂ© : abadalhar « ouvrir; faire bailler », en v.r. « se crevasser » (Alibert).
Anglais bay dans bay window a la mĂŞme origine, comme français baie et nĂ©erlandais baai « petit golfe ». (Voir TLF). Anglais abeyance de l’ancien français abeance a pris le sens « propriĂ©tĂ© qui n’apparient Ă personne temporairement ».
Français badiner, badinage sont dĂ©rivĂ©s de badar et empruntĂ©s au provençal badin « nigaud », adj. et subst. (Mistral). L’adjectif estseulement attestĂ© Ă la fin du XVIe s. (PANSIER, t. 3), dĂ©rivĂ© du provençal badar « bayer » fin XIIe s.-dĂ©but XIIIe s. . Le changement de sens au XVIIe s. s’explique par le fait que badin a Ă©tĂ© employĂ© pour dĂ©signer le bouffon dans les comĂ©dies au XVe s. et au XVIe s., personnage qui fait le sot, par consĂ©quent qui provoque un rire facile. Voir TLF qui donne comme « vieilli » le sens « Plaisanter, taquiner, amuser, tromper par jeu « , mais en Camargue badiner s signifie bien « tromper »Â (Domergue)
Badarela adj fem. « qui ne fait que bailler ou crier » d’après Alibert, « femme qui n’arrĂŞte pas de pleurnicher« , d’après Nicole de Rodilhan (30). Un dĂ©rivĂ© de badar. Badarel est dĂ©jĂ attestĂ© en ancien occitan avec le sens « »badauderie ».