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Rodo, roudou, redoul

Rodo, rodor

  • 1. Coriaria myrtifolia (cf. Wikipedia) utilisé pour le tannage comme le sumac.. L’espèce contient de la coriamyrtine, alcaloïde qui frappe les moutons d‘intoxication alcoolique lorsqu’ils les consomment.Voir ebriago.
  • 2. Sumac.   Cf fustet  pour les caractéristiques et l’utilisation de cette arbrisseau.
  • (regardez le commentaire de H;Boyer avec des précisions botaniques)

Etymologie : latin rhus, rhoris; rore; ros. Un emprunt au grec. Les Grecs l’utilisaient déjà pour le tannage. Les formes de l’ancien occitan ros, rou reposent directement sur le nominatif rhus >ros.

 

Mistral, Trésor.                                                                                                  emborracha cabras   « coriaria »

Le grand étymologue Corominas suppose pour expliquer certaines formes occitanes et catalanes (ancien languedocien rodor, Aveyron roudoù , languedocien roudourié « lieu planté en roudoul ») un nom composé rhustyrius = rhus de Tyrus turius remplace syriacus (de Syrie) parce que Tyrus, Tyr est le port le plus important de la Syrie. Dans l’Antiquité la Syrie était le producteur le plus important de sumac pour le tannage. Rhus-tyrius > rorem tyrium à l’accusatif , > *roreturium et par dissimilitaion des deux -r– > *rodeturiu, qui par l’évolution phonétique régulière a abouti à rodor, ancien catalan roudor, raudor, etc.
Les formes occitanes rodor etc. ont abouti à rodo et par changement de suffixe > rodoul,  et ensuite par dissimilation des deux voyelles > redoul. Voir aussi le TLF s.v.roudou.

Voir aussi Nerta « myrte »

Un vrai connaisseur de la botanique, Henri Boyer m’écrit  un commentaire:

OK pour l’étymologie, mais le référent ( le signifié) pose problème. Il y a confusion dans le texte ( y compris Mistral mais non Corominas) entre le sumac, fauvi,ou fustet = Rhus coriaria et le nertàs, ebriago = Coriaria myrtifolia, toxique.
Rhus coriaria n’est pas présent en Rouergue, mais Coriaria m. oui.
Mistral écrit « rodo » au lieu de « rôdou » paroxyton, car il n’admet jamais de finale en « ou » atone, même attestée.

Je lui ai répondu: « Merci beaucoup. Mes connaissances en  botaniques sont très limitées; en plus dans les parlers  régionaux il y a beaucoup de variantes sémantiques et phonétiques., » Sur quoi il me répond:

merci pour votre réponse Monsieur Geuljans.

Il existe dans le cas de « redoul » un noeud de confusion peut-être inextricable.

2 espèces locales ayant le même usage en tannerie, une comestible Rhus coriaria l’autre extrêmement toxique Coriaria myrtifolia, portant donc presque le même nom linnéen…

La confusion s’observe dans nombre de publications anciennes et modernes,  et particulièrement dans les dictionnaires de langue d’oc anciens ( dès Boissier de Sauvages XVIIIème siècle ) et modernes.

Peut-être les deux espèces sont-elles homonymes dans la langue vernaculaire… c’est tout à fait courant en effet, mais j’ai un doute.

L’étymologie de Coromines concerne uniquement le lexème latin « rhus, rhus tyrius » donnant rôdou, rôdoul, avec un référent initial botanique Rhus coriaria L.

Je me demande si la confusion n’est pas d’origine littéraire par effet de compilation de lexiques en lexiques peu rigoureux.

Le « rodo » de Mistral est possiblement inexistant, pour des raisons pas claires il rejette toute forme avec /u/ atone final y compris en niçard et gascon ou elle sont typiquement idiomatiques.

Moi: >https://apps.atilf.fr/lecteurFEW/lire/100/383

Dans l’article du FEW  (suivez  le lien), l’auteur écrit dans la note 1 qu’il  suit surtout Rolland Flore.
Je vais mettre le lien dans l’article ainsi que votre complément qui n’apparait que quand on clique sur lle titre de l’article.
Cordialement,

Pour finir:Bonjour,

se lancer dans la Flore de Rolland, c’est plonger dans un autre océan…

D’après se que je comprends de la note, Rolland a perçu qu’il s’agit de plusieurs espèces au sens botanique, mais Coriaria myrtifolia n’est pas du tout une  « espèce » du genre Rhus… C’est l’usage en tannerie qui est commun d’où homonymie en langue vernaculaire ( probablement).

A lire le FEW ( hélas j’ai du mal avec l’allemand) j’observe que la confusion peut s’étendre à « roure, rouve, roube » c.à.d à diverses espèce de Quercus, plutôt à Quercus coccifera L. très utilisé pour le tanin aussi…

Pas sortis de l’auberge donc…

Henri Boyer

Dommage qu’il n’y a eu pas davantage d’échanges comme celui-ci,; cela aurait enrichi beaucoup le site.

 

Fustet

Fustet « sumac ». Etymologie : arabe fustùk « pistachier ». En ancien occitan est attesté  festuc « pistache », mot repris par  Rabelais qui le nommait festique, peut-être sous l’influence de l’occitan faouviq ?

Pour  l’étymologie, je cite le TLF : Empr. à l’a. prov. fustet « id. » (XIVe s., Evang. de l’Enfance ds RAYN.; cf. aussi LEVY (E.) Prov.; cf. prov. mod. fustel cité ds FEW t. 19, p. 49a), lui-même empr. au cat. fustet (dep. 1249 ds ALC.-MOLL), empr. à l’ar. fústuq, fústaq « pistachier ».

Pour une description voir  l’Encyclopédie des Arts et des Métiers.

Une des premières attestations vient des livres de comptes des frères Bonis : marchands montalbanais du XIVe siècle. 1e partie / [par Barthélemy et Géraud Bonis] ; publiés et annotés pour la Société historique de Gascogne, par Edouard Forestié,..  Je n’ai pas consulté ce livre qui doit être très intéressant pour ceux qui veulent en savoir plus, parce que le fustet est le  sumac qui fournit une matière tincturale jaune et qui est encore utilisé de nos jours pour ses excellentes qualités. La différence est  que l’extract  s’appelle maintenant  RETAN-BLK-M ou TSK , c’est plus moderne…
Voir aussi Falbe ci-dessus, et rodo ou redoul .

Le transfert de sens de pistachier > sumac s’explique par leur ressemblance. Ils appartiennent tous les deux à la même famille des Anacardiaceae

 

pistachier                                                                         fustet

Falbe, faube, fauba

Falbe, faube, -a adj. L’étymologie est la même que celle du français  fauve, le  germanique *falwa « de couleur fauve » devenu en latin falvus Cf. TLF fauve .

L’adjectif falbet, faubet,-a signifie aussi  « fauve »en occitan, mais le sens « infirme, raide desséché », p.ex. camba faubeta ne se trouve que dans l’Aveyron.

Faubel adj. « de couleur fauve », faubeta s.f. « fauvette » appartiennent à la même famille *falwa.

Fouviq, fauvi « sumac » en provençal et dans le Gard, est un autre dérivé du germanique *falwa « de couleur fauve ».  Regardez l’image et vous comprendrez pourquoi. Certaines espèces possèdent des propriétés utilisées en médecine et en droguerie pour la couleur (vernis, laques, tanins). Le sumac est un des matériaux tannants les plus nobles et les plus anciens du monde méditerranéen. Il était utilisé par les Egyptiens et les Grecs pendant l’Antiquité pour colorer la laine et plus tard comme extrait tannant.

Je n’ai pas d’explication pour la forme feugié donné par Mistral pour le Var. Une erreur? par confusion avec la fougère. Cf. feuse. A La Canourgue est attestée une forme foubyeyro « fougère » dérivé de falvus.

L’étymon falwa se trouve aussi dans d’autres langues : néerlandais vaal « jaunâtre », allemand falb « de couleur fauve », anglais fallow idem, corse falu, portugais fouveiro.

Au total nous avons en occitan 5 types lexicaux pour le Rhus (Wikipedia) : Fouviq, fauvi; Fustet ; nerte ; Roudou ou rodo; et français sumac.

Fau, fag ‘hêtre’

Fau « hêtre », fag en gascon. D’après le Thesoc on trouve en Occitan les types suivants: fag, fajàs, faja (Aveyron seulement), fau, fayard, fayau, feinard, hêtre pour désigner le hêtre. Les types fag et fau sont les plus répandus, fag en Gascogne, fau en languedocien. Il s’agit d’une différence d’évolution phonétique. L’étymologie pour les deux est  fagus « hêtre ».

Le type fagus > fau, fag  est concurrencé par l’adjectif dérivé fageus, -a qui donne faja, fajo « 1.faîne; 2. hêtre » en occitan,  fajo « forêt de hêtres » . Voir Thesoc.s.v. faine. Le masculin fageus est devenu hay « hêtre » en béarnais.

Les représentants de fagus sont très fréquents dans tout le domaine gallo-roman comme toponyme. Voir à ce propos Pégorier. et pour le Gard Germer-Durand. Un dérivé : Fageda « hêtraie », fagede dans le Compoix de Valleraugue1 .

Excursion dans le domaine d’oïl. L’évolution phonétique de fagus en français > fou a créé un problème, même si un fou < fagus ne peut pas être (un) fou < follis  » « soufflet pour le feu; outre gonflée; ballon; bourse de cuir ». Ce follis employé comme adjectif a pris à basse époque  le sens de « idiot, sot » (TLF). La forme  follis  est devenue fou, folle  en ancien français. Fayard dérivé de fou < fagus est considéré comme français par le Thesoc, mais régional, franco-provençal par le TLF fayard .

Je ne crois pas  que cette homonymie en soit la cause, mais  fou « hêtre »  a été remplacé dans le Nord par hêtre. Je cite le TLF avec quelques changements typographiques : 1301 hestre (doc. ds Gay). De l’ancien bas franque *haistr (cf. néerl. heester « arbuste »), dérivé , à l’aide du suffixe -tr, servant à former les noms d’arbres (cf. apholtra), du radical de *haisi « buisson, fourré » qui est entré en gallo-roman sous trois formes différentes (v. hazier). *Haistr est devenu roman plus tard que haisi et haisia (v. hazier), de sorte que ai y était devenu e. Il a éliminé l’ancien français fou (v. fayard, fouet) désignant les grands arbres, tandis que hêtre était le nom donné aux jeunes troncs qu’on coupait régulièrement et qui repoussaient généralement sur les souches. Cette distinction s’est perdue par la suite et hêtre, remplaçant fou, a fini par désigner l’arbre adulte (b).

 

       
fau
              et                      faja

Voir l’article Wikipedia pour en savoir plus.

  1. Supprimé du site généalogique et devenu introuvable.

Faï, faïsses

Faï, s.m., pl.faïsses « fagot ; faix de branches » cf.français .TLF faix du latin fascis « faisceau, fagot, paquet ». Vous pouvez écoutez un dicton de Valleraugue : Pitchot faïs bien liat es mietch pourtat. pitchot fais

Au pluriel faisses « fagots » est homonyme de faisses « bandes »!