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Sàuse, sauset

Sàuse, sauset « saule » se prononçait en latin salix, salicem. L’étymologie n’est pas la même que celle du français saule qui est d’origine germanique : *salha « saule » (Cf.TLF saule).

Dans l’Ariège on utilise un dérivé sawzénko pour l’arbre et sawzinkédo pour la « saulaie ». En languedocien c’est une saousereda.

Dans le Sud-Ouest on a conservé un dérivé de salix qui existait déjà en latin classique salictum « saulaie »; de là le béarnais salheyt « grève plantée d’osiers ». Un dérivé en -ariu a donné en béarnais saliguè « saule », et enfin des dérivés en -icea > saletz , solès « saule » dans l’Aveyron, soléces « oseraies » dans le Cahors.

Dans le Gard et l’Hérault le « moineau » est désigné par un dérivé de salix : lou saouzin, à Toulouse il s’appelle saouzenat. D’après Alibert il  s’agirait du moineau friquet, passer montanus. (cf.Wikipedia). Le lien sémantique est peut-être la couleur des chatons?

             

Sabuc "sureau"

Sabuc « sureau, sambucus nigra » vient du latin sabucus « sureau ». Le latin avait deux formes sabucus dans le langage populaire et sambucus dans un style soutenu. C’est la forme populaire qui s’est maintenue dans les langues romanes. Les grandes variations que sabucus a subies dans les parlers occitans posent un problème de rangement de cet article. Voir le Thesoc pour avoir une idée. Et si vous allez voir les détails donnés pour le type sabuc, vous y verrez réunis les formes sabuc, sayt, soj, sawuk, sojk, et j’en passe. Les sept types donnés par le Thesoc, eissabucon°° , eissabuc, sabuc, sabucal°° , sambuguièr°° , seu (fr), sureau (fr), suyer (fr) ont d’après le FEW la même étymologie : latin sabucus.

Dans le vol. VI, pages 262-273 de RollandFlore, vous trouverez les noms pour toute la Galloromania.   L’article Sambucus nigra  a été mis en  ligne par Michel Chauvet dans le Wiki sur les plantes utiles et les usages des plantes Pl@ntUse.

 

             

On peut se demander pourquoi certaines notions (« signifié » en linguistique  ) sont exprimées par des mots (« signifiant » ) qui ont la même racine dans beaucoup de langues ou parlers, tandisque d’autres notions s’expriment par une grande variété de mots. Par exemple, la notion « père » est exprimée par le type pater dans toutes les langues romanes et germaniques. La notion « frère du père ou de la mère » par contre est exprimée par les types avunculus, thius, awa (proto-germanique), et d’autres. (Essayez avec Google traduction). Dans les parlers galloromans la notion « eau » est partout exprimée par le type aqua, mais la notion « génisse » par au moins quatre types: manza, taure, vedela, genisse. J’ai constaté la même tendance dans les noms d’animaux. Par exemple asinus et caballus sont conservés partout, mais le nom du lézard varie beaucoup.

Nous pouvons aller plus loin. Malgré le principe de la régularité des évolutions phonétiques, appelées lois phonétiques, nous voyons que certains types lexicaux présentent peu, d’autres beaucoup de variations phonétiques. Aqua > aygo dans pratiquement toute l’Occitanie, mais sabucus présente une infinité de formes. L’explication de ce phénomène de variation des formes dialectales se trouve certainement dans le domaine économique et/ou social. L’eau est de toute première nécessité mais le sureau n’a en effet aucune importance économique. Il sert éventuellement dans la pharmacopée familiale, la confiture des baies de sureau est laxative, le thé des fleurs de sureau est utilisé pour le traitement du rhume. (Wikipedia). Il est présent partout. Impossible de faire quoi que ce soit du bois de sureau, à part des fifres ou des esclafidous. Par conséquence, on ne parle du sureau qu’à la maison ou avec les voisins, contrairement au chêne ou au sapin qui a une gande valeur économique, sociale  et culturelle.

C’est un sujet à approfondir.

Rore

Rore « chêne blanc », XVe s. Alpes-Maritimes. La forme avec –r- qui se trouve dispersée dans le Midi existe également  en catalan: roure.

Voir aussi roire et roveVoir  l’article qui approfondit  les différentes dénominations des chênes en occtan : Cassanus, robur, quercus, carra.

N’oubliez pas de visiter les pages écrites par Josiane Ubaud consacrées aux noms occitans du chêne.

Rouiredo « chênaie ». Languedocien d’après   Mistral est un dérivé de roire.

Rusco, rusca, ruscla

Rusco « écorce; tan « (S), rusca « écorce; tan; gouttière pour conduire l’eau; surface d’une pierre de taille; lard de porc entier; prostituée; crasse, saleté; sainbois (daphne gnidium) à Donnezan » (Alibert).

Rusco vient du gaulois rusca « écorce » (> ruche en français). La première attestation se trouve dans un texte en latin médiéval du VIIIe ou IXe siècle. La famille de mots rusca est également vivante en catalan et dans le nord de l’Italie. Dans le domaine de la langue d’oïl rusca a été remplacé par le type scortea « écorce »et en Gasccogne par le type pellis.

Dans le TLF s.v. ruche je trouve: « les ruches étant à l’origine réalisées à l’aide d’écorces d’arbres comme le chêne-liège; l’ancienne dénomination est restée pour désigner la ruche en paille tressée apportée dans la Gaule septentrionale par les Francs, car le rapport du mot rusca avec la matière utilisée n’était plus senti, le lat. scortea ayant remplacé rusca pour désigner « l’écorce » (cf. aussi des dér. de rusca pour désigner des objets variés, seaux à linge, mesures ou formes à fromage, réalisés à partir d’écorce ».

  • Le sens « écorce » s’est maintenu en occitan et en franco-provençal, également dans des dérivés comme à Ales rusquá « ecorcer » et au figuré « éreinter; frapper quelqu’un ». Un lecteur me signale que dans la région entre Béziers et Narbonne dérusca quelqu’un c’est « lui nettoyer la crasse en grattant fort » et par extension l’équivalent de l’argot français « recevoir une dérouillée » = trapa uno déruscado.
  • Le sens « tan » s’explique par le fait que l’écorce du chêne contient beaucoup de tanin et sert à tanner le cuir. En France, l’écorce de chêne fut la principale matière tannante végétale utilisée pendant des siècles. L’abbé de Sauvages donne la description suivante sous rusco : « tan, ou l’écorce brisée et moulue dans le moulin à tan et qu’on met par lits, alternativement avec les cuirs, ou les peaux dans le fosse au tan, c’est par ce moyen que le cuir se fortifie, et qu’il acquiert en même temps de la souplesse, en absorbant les sels et les huiles qui abondent plus dans l’écorce que dans le bois. » Il donne aussi le mot rosco, je pense accentué sur la finale, avec le sens « tannée »: c’est le tan qui a déjà servi dans les fosses et qui n’est plus bon qu’à brûler et à faire des mottes à brûler. Le feu de tannée dure longtemps et uniformement; ce qui le rend très propre pour l’éducation des vers-à’soie ».
  • Uniquement en bas-limousin j’ai trouvé une autre attestation du sens « lard de porc entier ».  A  Lallé (Hautes Alpes) russia signifie « porc ouvert et salé » et à St.Martin de la Porte en Savoie c’est « la carcasse du porc débarrassée des organes intérieurs ». Cela doit ressembler à une ruche ou un arbre vue de l’intérieur…
  • Le sens « crasse, saleté » et au figuré « prostituée » de rusco s’est développé à partir du sens « écorce » > « croute ».
  • En ouest-languedocien et en gascon, un dérivé rusquié désigne le « cuve à lessive » et ruscado la « lessive », ruscà « faire la lessive » c’est-a-dire « enlever la crasse » à Toulouse.
  • Le sens « sainbois » doit s’expliquer par une utilisation ou un phénomène naturel, puisqu’en allemand il s’appelle Seidelbast (littéralement « écorce d’abeille commune » de Zeidel, « abeille » en langage populaire, et Bast, « liber, écorce »). Si vous savez pourquoi n’hésitez pas à me contacter.

Dans un site allemand, je trouve que les sainbois fleurissent très tôt au printemps et que les Zeidler « apiculteurs au moyen âge » mettaient autrefois leurs ruches au milieu des sainbois, ce qui expliquerait le nom. Le nom français sainbois, aussi saintbois s’expliquerait par le fait que l’écorce est utilisée comme vésicatoire en pharmacopée.

En ancien occitan on trouve une forme ruscla attestée à Tarascon et Nîmes aux XIVe-XVe siècles avec le sens « écorce ». Le mot est encore vivant dans les patois de l’Aude,  dans la région de Loriol et à St Hippolyte du Fort (Gard, voir ci-dessous vin de ruscle) etc., et le verbe composé avec porrum « poireau » : espourruscla « gratter l’écorce du pin » mais aussi « faire sa toilette à grande eau » en Lomagne. et là il doit y avoir une influence de notre ruscle « averse » ou bien celui-ci avec ce sens fait partie de la famille rusco, comme le catalan « ruixat » et le verbe ruixar « jeter un liquide en pluie ».

Parfois l’étymologie est utile! Ruscla « écorce »  Forme attestée depuis le moyen âge. Une visiteuse de St Hippolyte du Fort (30) m’écrit:

Bonsoir. Je cherchais une explication à une recette qui soigne le pelage des animaux qui se grattent et que je connais sous le nom de « vin de ruscle ». Grace à votre définition je comprends que ruscle n’est pas seulement une grosse averse mais aussi l’écorce. Le vin de ruscle est bien la recette que je connais : Faire bouillir de l’écorce fraiche de chêne dans du vin. Laisser refroidir et passer sur le pelage s’il n’y a pas de plaie. Merci beaucoup.

Rove, rouve

Rove « chêne blanc », XIIIe s., ancien provençal rover. Latin  robur. La forme avec –v-   se trouve surtout à l’est du Rhône, p.ex. à Le Beausset .

A Valleraugue, hameau de Taleyrac (Gard), se trouve la Pansieire du pré du Rouve.

A Montpellier rouve  un une « sorte de genêt »(osyris alba). Voir aussi  roire et rore .


rouve
osyris alba

Voir aussi roire rore et l’article qui approfondit  les différentes dénominations des chênes en occtan : Cassanus, robur, quercus, carra.