cat-right

veso 'vesce'

Veso, beso « vesce, vicia sativa » a la même étymologie que le mot français, à savoir le latin vĭcia « vesce » qui d’après Walde fait partie de la famille vincere « lier, plier ».  En occitan nous trouvons plusieurs dérivés inconnus du français comme dans le Gard  vessaro « gesse tubéreuse », occitan vessarado « vicia cracca » et dans le sud-ouest à partir de Carcassonne bessil, besil « vesce jaune », bessilhoun  dans le Gers.

Voir le Thesoc s.v. vesce

Nous retrouvons le même mot en italien veccia, catalan vessa, espagnol veza,  breton gweg, allemand Wicke, néerlandais wikke et anglais vetch.

Plus intéressant est le nom garaoubo  qu’elle porte dans plusieurs parlers galloromans.

veso beso    

Vibre, vibro,

La nouvelle rédaction de l’article BEBER (ancien français bièvre) est disponible sur le site de ATILF téléchargeable en format PDF

L’origine de beber ou biber  n’est pas clair. Les deux propositions, celtique  ou germanique; se défendent. Lisez à ce propos le commentaire de l’article du FEW rédigé par L.Grüner   BEBER.

Vibre, vibro, vibrë (S) « castor ». Une ballade dans la Lozère  e.a.  à Vébron, canton de Florac, un petit village qui se situe entre Causses et Cévennes, au pied du Mont Aigoual, aux portes des Gorges du Tarn et de la Jonte, et la ville magnifique de Ste Enimie. C’est  un des rares endroits de France où l’on peut découvrir le vibrë.

Comme le vibrë s’appelle bever en néerlandais, beaver en anglais, Biber en allemand, je me suis dit qu’il devait y avoir des liens entre ces mots. Les voilà à partir du proto-indo-européen, trouvé dans le site suédois de Wikipedia :

Les Romains ne connaissaient pas très bien cet animal. Ils l’appelaient fiber ou biber, son équivalent d’origine celtique, ou castor emprunté au grec. Le mot gaulois *bebros a été conservé dans de nombreux toponymes qui datent de l’époque pré-romaine. La forme germanique de la même racine était *bebru. On suppose à ce mot une racine indo-européenne signifiant sans doute « brun », qu’on retrouve dans le sanskrit babhrúh, qui a à la fois le sens de « brun » et celui de « mangouste ». Il semble que le castor a disparu assez tôt de la péninsule italique, mais la fourrure du castor et le castoréum, utilisé dans la parfumerie et en médecine, étaient très appréciés et importés des pays germaniques.

L’ancien occitan connaissait surtout le mot befre comme l’ancien français le mot bievre, qui est à l’origine du nom de très nombreuses rivières de France et de Belgique où l’animal aurait été présent : la Bièvre, le Beuvron, la Vèbre, le Vébron, la Beuvronne, etc.

Mais au cours du moyen âge, l’animal a disparu de nos rivières, à tel point qu’on ne le connaissait plus que par ouï-dire. La preuve: en corse béfelu signifie « un animal imaginé »!

Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que l’on redécouvre le vibro/castor suite à la découverte du nouveau monde et grâce à la vogue des chapeaux en fourrure de castor. Pour tout savoir sur cette mode et son évolution, voir Allaire Bernard « Pelleteries, manchons et chapeaux de castor. Les fourrures nord-américaines à Paris, 1500-1632. Paris, 1999.  C’est bien sûr avec cette mode et à partir de Paris, que le mot castor s’est répandu dans toute la France.

Pendant un voyage dans le Nord des USA, Chicago (Illinois) et le Montana, j’ai appris beaucoup plus sur le rôle important qu’a joué la chasse aux fourrures et les trappeurs dans l’histoire de cette région. J’essaierai de me documenter et je vous tiendrai au courant.

Vié d'ase

 Vièt’d’ase, vié d’ase « sexe de l’homme ; nigaud », littéralement « sexe de l’âne »

C’est Rabelais (encore lui) qui a introduit l’expression en français : viet d’aze « terme d’injure obscène » ; il a dû l’apprendre à Montpellier. La forme ase  du latin asinus prouve qu’il s’agit du languedocien (ay est  provençal). A Alès viedas  veut/voulait dire « diable !, peste ! »  Ounte sian? Pièi, s’estènt esperluca en plen, reprenguè: – Que siéu viedase! sounjave … naciounau? – Res se n’avisara, viedase! …  d’un texte intitulé La terrour trouvé sur internet.

Le sens « aubergine » viedaze ou  bietase  (p.ex. à Pézenas), est limité à l’occitan, du dauphinois jusqu’au béarnais.

Etymologie : vié'(t) vient du latin vectis « manivelle d’un pressoir, pilon, barre ». Le sens « sexe de l’homme » n’est pas attesté pour le latin mais il a dû exister, parce qu’on le retrouve dans d’autres régions comme en Frioul , région de Trieste en Italie.

En fouinant dans la vénérable Revue des Langues Romanes, de 1879, que tout le monde peut consulter grâce au site Gallica de la Bibliothèque Nationale, j’ai trouvé la note suivante, attendrissante par la façon pudique dont l’auteur s’exprime à propos du juron vié d’ase:

Dans le livre de J.P. Durand, p.72 sur l’Aveyron, se trouve une autre longue explication de l’expression locale Joan-viech qui égale le viéd’ase.  Il connaît la variante viech d’auques déjà mentionné par l’abbé Moyne.  Ce n’est pas viet  qui est victime du tabou mais l’ase!

Vige

Vige « rameau, pousse, scion d’osier » (Alibert), mais d’après les données du FEW c’est un des noms de l’osier dans tout le domaine occitan, excepté le gascon.

L’étymologie est le latin vitix, viticem « gatillier ». Le gatillier  servait e.a. à lier des vignes, de là le sens  « osier ».

gat(t)illier

Les formes avec –e- se trouvent à l’Est du Rhône, par exemple Champsaur vese « osier blanc »et en piémontais. A l’Ouest du Rhône c’est vidze, vije, s.f., probablement sous l’influence de vitis « cep de vigne ». Dérivé : vigieiro « oseraie ». En Corrèze vige a pris le sens de « lien du fagot » (Thesoc).

Vèze, Le Vèze existe également comme toponyme.

L’abbé de Sauvages nous fournit un composé : entrevîjhë « viorne, plante rampante à larges feuilles ». D’après le Thesoc entrevidze est le nom d’une clématite, la « clematis flammula » à Quissac (Gard) et à Gallargues (Hérault).  Le nom de cette plante varie énormément. Pour le Gard le Thesoc donne 6 noms différents pour le clematis vitalba, dont redorta.  Ce même nom redorta  (du latin  rĕtŏrtus  « tordu ») est  très répandu pour désigner le « lien du fagot ».(FEW X,337) Cf aussi Thesoc s.v. lien du fagot.

Dans le même article il parle de la viorne à feuille étroite, appelée aussi l’herbe aux gueux, qui a un goût piquant et caustique.

Les Cévenols sont dans l’usage de froter avec l’herbe aux gueux les petits fromages appellés peraldons (sic!) qu’on ménage par là beaucoup plus à cause du goût piquant que cette herbe leur donne.

herbe aux gueux

On le nomme péraudou, pélardou ou pélardon. Il a, quand on le déguste, le parfum poivré de la terre du Languedoc-Roussillon. Le maquis méditerranéen donne au pélardon des saveurs de miel, de noisette et de fleurs. Non loin de là, à l’origine des accords gustatifs de ce délicieux fromage, poussent, des Cévennes aux Hautes-Corbières, chênes, genêts, bruyère et herbes aromatiques.

Fabriqué selon des méthodes traditionnelles, ce petit fromage à pâte molle d’environ 60g est exclusivement fabriqué à partir de lait cru de chèvre et de caillé lactique. Il fait partie des 12 fromages français caprins à bénéficier d’une AOC (AOP). Source qui ne dit rien sur l’herbe aux gueux ….

 

Vim

Vim « osier » vient du latin vimen, viminis « osier ». Le mot latin est un dérivé du verbe viére « tresser » et vimen désigne d’abord les brins d’osier qui servent à faire de la vannerie et ensuite aussi l’arbre.

Vimen a dû occuper une grande partie du domaine galloroman, puisqu’on trouve des restes jusqu’à la frontière linguistique en Belgique et des emprunts dans le moyen néerlandais (wime « brin d’osier »). Mais au cours de siècles  vimen a reculé dans le domaine d’oïl jusqu’à une ligne qui va de la Loire aux Vosges. En occitan nous trouvons le type vim, bim, vin (< vimen) dans l’est et vime, bime, qui repose sur un accusatif refait *viminem dans l’ouest. Dans quelques localités (Corrèze, Cantal, Agenais) qui se trouvent à la limite de la zone vige < vitex, nous trouvons des mots « combinés » type vinzo, vyenze qui ont ajouté à vim la terminaison de vige. Voir Thesoc s.v.osier.

L’osier jouait un rôle très important dans la vie de tous les jours. Nous trouvons par conséquence de nombreux dérivés dans les dictionnaires : bimos « treillis d’osier » (Toulouse), binbignè < vimen viminarius « souche d’osier franc qu’on recèpe tous les ans » (Castres), bimade s.f. « récolte de brins d’osier ».

En dehors du galloroman, nous retrouvons le vim en catalan vim « osier; brins d’osier », espagnol mimbre, portugais vime « osier ».

Voir aussi les articles amarinier et vige

Vin de ruscle

Vin de ruscle voir ruscle et rusco. Une visiteuse m’écrit:

Bonsoir.  Je cherchais une explication à une recette qui soigne le pelage des animaux qui se grattent et que je connais sous le nom de « vin de ruscle ». Grâce à votre définition je comprends que ruscle n’est pas seulement une grosse averse mais aussi l’écorce. Le vin de ruscle est bien la recette que je connais : Faire bouillir de l’écorce fraiche de chêne dans du vin. Laisser refroidir et passer sur le pelage s’il n’y a pas de plaie. Merci beaucoup.

Vincla; vencilh, bencil

Vincla du latin vinculum « lien » a donné en gascon : bincle, bingle « lien » et le verbe dérivé binclá « plier, incliner ». La fête de St-Pierre aux Liens, qui a lieu le 1er août, (le 16 janvier pour les orthodoxes) s’appelle vincla ou bingle.  A Nice on en a profité pour faire cinq jours de   festivités pour la St-Pierre-es-Liens. A Rome dans Eglise Saint Pierre aux Liens – San   Pietro in Vincoli. vous pouvez voir les bingle.

Bincle s.f. signifie « lien », bengle « tige de bois fendue pour tenir la chandelle; pince en bois » en béarnais. Dans le Bigorre blincá signifie « courber,   ployer, pencher », dans l’Aude et le Val d’Aran blinká est « plier ». Italien vinchio « tige d’osier qui sert à lier », catalan vincle « lien », espagnol vinculo « lien « , et   brincar « sauter, bondir », portugais brincar« jouer, plaisanter, badiner »font partie de la même famille.

                         
                  Les vincla de St Pierre.                        Le bencill d’Hercule.               Un bencill moderne

Vencilh, bensilh « lien du fagot », attesté dans les Htes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques et les Landes, vinquèla, vinzelo à Agonac en Dordogne. (Thesoc). La 1re  attestation date de 1315 (Bayonne). Le mot est surtout connu en gascon avec le sens « hart dont on lie les fagots ». A Bayonne le bencill‘était une « houlette de berger » (une houlette c’est un  » une petite plaque de fer fixée au bout du bâton de berger qui permet de jeter des mottes de terre aux moutons qui s’écartent ».

Etymologie : *vinciculum « lien ». Dans le FEW vincilh est rangé dans l’article à part *vinciculum « lien », un diminutif de vinculum « lien » qui a abouti à vincla. 

Je suis convaincu que les mots de la famille   Guinsal, guissal « hart, corde, lien; corde de pendu » ont au moins subi une influence de vinciculum.

Un visiteur qui se présente comme « Pep » m’a envoyé une attestation supplémentaires provenant d’une étude sur les patois des Landes dont vous trouverez la référence dans son commentaire sur cet article (cliquez sur le titre pour voir l’article avec les commentaires).  J’ai pu trouver la page et voulais vous la présente pour admirer cette trouvaille, mais la qualité de ma capture d’écran n’est pas suffisante.

 

 

Visetta

Visetta ou Vizette « escalier tournant extérieur ». Tiré du Compoix de Valleraugue(1625) :

«Maison de Sire Adam CARLE, maison à deux membres en partie crotte 23 cannes 1 pan compris vizette » (tome 1 page 150).(Crotte est une cave voûtée, sur laquelle on trouve à l’étage l’habitation).

L’origine est le latin vitis ‘vigne, sarment, pampre’, plus le suffixe diminutif -itta. Latin vitis est encore vivant dans presque toutes les langues romanes, italien vite, espagnol vid, portugais vide, mais a été remplacé par vinea ‘vigne’ dans une grande partie du galloroman. Vitis a survecu tel quel en rouergat abit ‘cep de vigne’; Millau obise ‘pampre’; au figuré dans l’Aveyron bit ‘cordon ombilical’.

Principalement dans le domaine occitan des dérivés désignent la ‘clématite’, dans le Gard c’est vissano, avissano et rabisano, parce que comme la vigne elle fait deux lianes qui montent en s’enroulant systématiquement à la recherche du moindre support.

sarment                               escalier à vis                          clématite

Partout la vis est la pièce de métal. Limité au galloroman est le sens ‘escalier tournant’, vis en ancien français comme en ancien occitan. Dans les dictionnaires de 1567 jusqu’à Trévoux 1771, la vis saint Gilles est un « escalier qui monte en rampe et dont les marches semblent porter en l’air » d’après le fameux escalier de St Gilles (Gard), appelé ensuite vis  saint Gilles, jusqu’au grand Larousse de 1867 qui écrit : « Escalier à vis dont les marches, soutenues par des voûtes d’une coupe particulière, semblent être suspendues dans les airs. Il en existe un modèle célèbre dans le prieuré de Saint-Gilles, en Languedoc. »


     

« C’est dans l’épaisseur du mur nord de l’ ancien choeur que se trouve la vis. Il s’agit d’un escalier hélicoïdal, datant du XIIème siècle.Il porte une voûte annulaire appareillée à 9 claveaux. Cet assemblage s’appuie sur le noyau central et les murs intérieurement cylindriques, et l’art du tailleur de pierre apparaît dans la double concavité et convexité de chaque voussoir. Elle a été très tôt une oeuvre célèbre, étape des Compagnons Tailleurs de pierre qui vinrent graver leur surnom ou leur devise lors de leur passage. »texte et les 2 photos  tirés du site http://perso.orange.fr/erwan.levourch/stereotomie.htm

Photo que j’ai prise en haut de la  vis  et qui montre bien la structure et le travail des tailleurs de pierre.

Le diminutif viseta, vizeta ‘escalier tournant’ attesté depuis le XVe siècle est limité au provençal et l’est-languedocien. L’attestation du Compoix est intéressante pour la précision de la définition « extérieur » :  la langue s’adapte à l’environnement!


vizette cévenole

Quand j’ai acheté un masà Valleraugue en 1979, il n’y avait pas d’escalier entre le rez-de-chaussée et l’étage et comme estranger ignorant j’ai installé la cuisine/ salle à manger  au rez-de-chaussée, dans la crotte , pour la déménager vers l’étage quelques années plus tard.

      
anglais vise                  neerlandais vijzel d’un moulin

Vòmi, bòmi

Vòmit, vòmi, bòmi « nausée, envie de vomir » dans avoir le bÒmi, expression répandue en provençal et languedocien et bien enracinée en français régional, cf. p.ex. Champsaur.

L’étymologie est vomitus « action de vomir ». L’occitan a gardé l’accent là où il était en latin, sur le –o-! La première attestation date du XIIIe siècle. Il s’agit donc d’un emprunt au latin par les médecins de l’époque

Voto; vot

Vota « fête patronale, fête du village »;Vot « voeu, souhait désir; ex-voto; pèlerinage; fête votive » et vote s.m. »vote, voix, suffrage » ( Alibert) . Vot, voto « fête locale ». Etymologie: latin votum « promesse solennelle faite aux Dieux ».

En ancien provençal existait le mot lo vot « promesse faite au ciel par laquelle on s’engage à quelque oeuvre non obligée », comme en provençal moderne : vot, vo, vou ou dans l’Aveyron bouot ou bot.  Il existe également  en français : voeu « promesse » (religieux), ancien français vut, anglo-norman vou , qui est devenu en  anglais vow « An earnest promise to perform a specified act or behave in a certain manner, especially a solemn promise to live and act in accordance with the rules of a religious order: take the vows of a nun ».

Dans une période plus récente,  au XVIe siècle nous trouvons en français le mot vote « voeu, prière » provenant du pluriel vota qui dans tout le midi de la France, de  la Drôme jusqu’à la Gironde désigne « la fête patronale »,  Vaucluse, Languedoc voto, Toulouse boto,  Aveyron et Rouergue bouoto, Gers boto.En français ou plutôt en  français régional l’expression fête votive est attestée depuis 1876, propre à certaines régions, avec toujours le sens de « fête patronale » où le patron n’est pas un chef d’entreprise, mais le saint à qui est dédiée l’église de la paroisse!

Changement d’époque! J’ai demandé à plusieurs personnes à Manduel (30) à quoi leur faisait penser le mot « votive » dans « fête votive » . La réponse a été unanime  : « à la mairie, aux élus, aux votes ». Pourtant les votants devraient savoir  qu’il y a une différence entre les vots  « promesses faites au ciel » et  les votes « résultats des  promesses faites aux électeurs ».

   

fête votive                                              ex-voto