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gandolo ‘rigole de la rue’

Gandolo, Gandole  en français régional « rigole de la rue ». Oui nous avons des gandoles à Manduel.

Une gandole  centre ville de Manduel

Une gandole centre ville de Manduel

Le mot est probablement d’origine grecque κονδυ (kóndy) « vase à boire ».  Tout le monde sait que les Grecs ont fondé la ville de Marseille, mais on oublie qu’ils ne se sont pas arrêtés là. La preuve ci-dessus, leur gondo’s devenus gondoles , gandoles existent toujours.

Un kondy « vase à boire »:

kondy

Michel Fournier m’a parlé de ce nom des rigoles de la rue :

…en effet je t’avais parlé du mot « gandole« , mais il y a longtemps. Il y a encore plus longtemps que ça, ma mère me racontais qu’une grand-mère envoyant sa petite fille faire des courses à l’épicerie lui avait fait cette recommandation en français (il ne fallait pas parler patois aux enfants qui allaient à l’école): « Fais bien entention en virant le canton de pas mettre ton pied dans la gandole ».

Si vous voulez en savoir plus, voyez mon article gondole « rigole ».

 

Ganha-Pan.

Ganha-Pan. Autour du bassin de Thau lou gagna-pan est une arseilhera sans dent (sans rateau) (Covès). Vu ce nom lou Ganha-Pan doit donner une bonne pêche. Voir Arseilhera.

Gansà, ganso

Gansá « faire un nœud de ruban ; saisir, empoigner », dérivé du subst. ganso « noeud de ruban » sens qu’on trouve déjà chez l’abbé de Sauvages.

 

Le mot est surtout vivant en occitan ce qui permet de supposer qu’il vient du grec gampsos « courbé, recourbé ». A Champsaur gansèou signifie « loquet ». L’auteure explique qu’à « l’origine le gansèou se manœuvrait à l’aide d’une ganse« . Louis Rouquier mentionne gansat « gendarme » pour Puisserguier. Par quel association sémantique?? Pour d’autres dérivés cf. Alibert. Le mot ganso a été prêté au français au XVIe s.

ganchou gansèou

Voir aussi l’articleganchou  « crochet, croc »

Gara ‘croix de Malte’

Gara « tribulus terrestris » 1

Wikipedia :

Le Tribule terrestre (Tribulus terrestris L.), également appelé Croix-de-Malte, est une plante appartenant à la famille des Zygophyllacées, dont elle est l’un des rares représentants en Europe. Indigène en Méditerranée, …… Certains utilisent l’extrait de cette plante pour une stimulation de la production de testostérone, qui n’a jamais été démontrée scientifiquement. Le fruit porte des piquants suffisamment solides pour crever un pneu de vélo.

gara

gara

D’après Mistral, s.v. garo « croix de Malte » cette plante s’appelle aussi clavelado ou trauco-peirau. D’autres composés avec trauc-  noms de plantes dans l’Alibert, mais pas celui-ci.

Étymologie  de gara inconnue.

D’après Solerius il y a 2 sortes de tribulus: le tribulus palustris, inconnu des officines et appelée « chastaigne d’eau » par les Gaulois; et le tribulus terrestris , la chauchetrappe des Gaulois; en Provence (litt.  » dans notre région ») caucotreppo  ou autuolo.

Solerius_TribulusEn ce qui concerne  l’étymologie de chausse trappe ou  caucotreppo voir le FEW II, 65 ou le CNRTL.

  1. Flore de Montpellier ou analyse descriptive des plantes vasculaires de l’Hérault par H. Loret et A/ Barandon, Seconde édition revue et corrigée par Henri Loret. Montpellier, Paris,1888.

Garaffo

Garaffo « carafe ». La forme provençale et languedocienne avec g- se retrouve en cat., esp. et port. garrafa. Le mot a voyagé à travers l’Espagne en venant de l’arabe garrafa « bouteille à base large ». Le  dictionnaire de la Real Academia pense que le mot espagnol vient peut-être du portugais garrafa, « bouteille » et celui-ci de l’arabe moracain gerraf.

Le fr. carafe, > néerlandais karaf (> indonésien karap), ne vient pas directement de l’arabe  mais  a été emprunté à litalien, caraffa, qui l’a également de l’arabe.

Dans le lexique de Max Rouquette : s’engarafatar « avaler de travers, s’engouer » , angarafatada « qui s’étrangle » dans le contexte en parlant d’une serrure! Dans l’Hérault sont attestés s’engarafatar ou s’engalafatar. Le verbe portugais engarrafar signifie « mettre en bouteille ».

Engarrafata à Manduel a un sens totalement différent : « s’emmitoufler avec beaucoup de choses » d’après mon témoin et confirmé par un dictionnaire du patois d’Ales. Il fait partie des dérivés de galafata.

garaoubo ‘caroube; vesce’

Garaoubo « vesce cultivée », vient de l’arabe harruba « fruit du caroubier ». Le caroubier est indigène dans l’est du bassin méditerranéen et il a été introduit dans l’ouest par les Arabes. De là le nom d’origine arabe en italien carruba,   catalan, espagnol portugais et occitan carrobi ou caróubio en languedocien.

La ressemblance des fruits du caroubier avec les fruits d’autres plantes a abouti à un transfert du nom : garrobe, garoube « vesce cultivée » dans le Poitou,  la Saintonge, la Vendée, le Périgord. Il y a peu d’attestations de ce transfert en provençal ou languedocien.  Mistral connait garaubo « orobe ». Il s’agit probablement d’un mot-témoin du domaine de l’occitan qui s’étendait jusqu’à l’embouchure de la Loire.

Images ci-dessous : orobe    caroube    vesce cultivée

orobe  Caroube

vesce_cultivee

Ci-dessous les liens directs vers la page du FEW et vers l’article du TLF.

FEW XIX,67-68 , TLF caroube

 

 

garapot "galipot"

Garapot « galipot,  une résine liquide, extraite par incision du pin maritime, solidifiée à l’air.  » (TLF). La garapot  est utilisée pour goudronner des bouteilles et dans la marine pour protéger de l’eau de mer certaines pièces des bateaux. En occitan comme en français le nom garipot est aussi transféré à l’arbre

Le mot français a été emprunté à l’occitan guarapot « mastic résineux » attesté dans le Cantal en 1380. Le galipot est produit dans le département des Landes et il s’est répandu en France et dans la péninsule ibérique grâce au commerce. Il est même passé en allemand. L’origine de garapot est inconnue.

Garbi et Magreb

Garbi, garbin « vent d’ouest » est un mot de la navigation méditerranéenne. Nous ne le trouvons qu’en provençal et en languedocien, par exemple  à Pézenas.  A Clermont l’Hérault existe le dérivé garbinada « petite pluie de courte durée ».  A Montagnac Raymond Jourdan a noté le dérivé garbinaois  qu’il définit comme  le vent des dépiqueurs « Bent das quauquaris ».  Voir le commentaire en cliquant sur le titre de cet article.

L’étymologie de Garbi   est  l’arabe ġarbi« de l’ouest ».  cf. esp., it. garbino, cat. garbi et  garbinada. FEW 19,51b.

L’article de Mistral:

garbinMistral

Le commentaire m’a incité à revoir un peu cet article et j’ai vu que garbin ou  guerbin  est attesté en ancien français, mais toujours chez des auteurs originaires du Midi ,  qui y ont vécu comme Rabelais ou qui  écrivent sur le Midi.  Dans le Dictionnaire du Moyen Français (DMF) vous  pouvez trouver une attestation et surtout un lien direct vers le  Dictionnaire Etymologique de l’Ancien Français  mis en ligne! DEAF garbin.  L’étymologie = « histoire du mot »  décrite dans le DEAF  nous explique que

ġarbi « occidental » est un dérivé du verbe arabe ġaraba « se coucher » en parlant du soleil  d’où aussi ġarb « ouest »  employé au sens de »vent qui vient des régions occidentales du monde arabe » (Maroc, Algérie, Tunésie, ainsi que l’ancien Espagne des Maures, régions appelées maġrib,  en langage populaire maġreb  dont le second élément est aussi un dérivé du verbe ġaraba, ma-  étant un préfixe toponymique.

Voir Wikipedia pour plus de détails sur le sens actuel de Maghreb.

Gard, Gardon

Gard, Gardon 1. nom de plusieurs rivières dans le département du Gard:  « Durant ces trois derniers millions d’années, deux Gardons très profonds se creusent : le Gardon d’Alès et le Gardon d’Anduze, qui se rejoignent à Vézénobres, formant le Gardon ou Gard. Le Gard(on) s’étend sur 71 km de long. Après être passé sous le fameux pont-aqueduc romain du même nom, il retrouve le Rhône en rive droite à l’endroit où il atteint son maximum de puissance. »

Une Cobla de Peire Cardinal (suivez le lien pour la traduction et l’interprétation (erronée du mot Gardon?)

Domna que va ves Valénsa
Deu enan passar Gardón;
E deu tener per Verdón
Si vol intrar en Proénsa.
E si vol passar la mar
Pren un tal guvernadór
Que sapcha la Mar majór,
Que la guarde de varar
Si vol tener vas lo Far.

 Gardon d’Alès
   
Gardon d’Anduze


le Gard et le Pont du Gard

L’étymologie des toponymes est un domaine spécial dans lequel je n’ose pas m’aventurer.Vu la configuration du terrain, avec beaucoup de sommets qui permettent de surveiller les passages, je ne serais pas étonné que les noms de ces rivières viennent du verbe germanique *wardon qui a donné gardar en ancien occitan avec le sens « avoir l’oeil sur, soit pour protéger soit pour empêcher de nuire ». Une interprétation plus poétique serait que les Germains en voyant la beauté de cette région, ont dit: Das müssen wir wardon! «     Nous devons  sauvegarder cela! ».

D’après le TLF gardoun,gardon est un mot employé par les Cévenols pour désigner un petit torrent aux crues violentes (cf. lou Gardoun d’Alès, lou Gardoun d’Anduzo). Gardoun est issu du bas latin Wardo/Vardo, -onis « rivière de la Narbonnaise [le Gardon] », mais l’origine de ce mot reste inconnue.

D’après Germer-Durand, la première attestation se trouve dans un texte de Sidonius Apollinaris (Ve siècle) sous la forme Vardo.

2. poisson (leuciscus ). Le mot gardon pour ce petit poisson n’est pas occitan mais français. Je ne sais comment il s’appelle en occitan. Pour l’étymologie voir le TLF s.v. gardon 1. : « Probablement . dérivé du radical de garder* (du verbe germanique *wardon) soit au sens de « surveiller » parce que le gardon aurait l’habitude de retourner aux endroits d’où on l’a chassé comme s’il avait à y garder quelque chose (FEW t. 17, p. 524b, note 46); soit au sens de « regarder », les yeux rouges étant une caractéristique de ce poisson (cf. l’all. Rotauge littéralement ‘oeil rouge’ et les dénominations rousse, roussette, rouget dans Rolland . Faune t. 3, pp. 142-143; DEAF, col. 178); suff. -on ».

 
gardon

Garou "sainbois"

Garou  synonyme de sain(t)bois, bois gentil, daphne gnidium1.

Etymologie d’après FEW suivi du TLF:

Mot empr. du prov., cf. Nice garoupa bot. (FEW t. 14, p. 169), Nice garoup bot. (Risso ds Roll., loc. cit.), garou bot. (Mistral), et qui est entré dans le fr. général lors de la diffusion des noms de plantes du maquis. Garoupa est formé du préf. préindo-européen *war- et du suff. préroman -uppa (cf. ang. jaroupe bot., issu du m. lat. garropa, jaroppa, xie s. ds Orbis t. 4, p. 220). Pour garou, il faut sans doute supposer une forme préromane warúbo- ou warōbo-, ce qui fait difficulté, car il n’existe pas d’autres noms de plantes de formation analogue, v. FEW t. 14, p. 170a-171a.

Hubschmied écrit dans le FEW XIV, 170 :

Que le français  garou  a été emprunté à l’occitan, ne ressort pas seulement des attestations anciennes qui viennent principalement du Midi, mais aussi du fait que les plantes désignées par les représentants de la racine *war- sont caractéristiques des maquis.

Garou  et les dérivés de la racine *war-   désignent d’après les  données du FEW :  le daphne gnidium, le cucurum tricocon2 (?), une euphorbe, le daphne laureola, le veratrum album  (Véraire , Ellébore blanc , Varaire  en français),  la  gentiane jaune, le rhododedron,  une plante grimpante non identifiée.

Pour enjoliver un peu cet article, je vous les présente:

                         Daphne laureola                     Cneorum tricoccon               gentiane jaune              véraire              daphne gnidium

Si la phytothérapie vous intéresse, cherchez la:

Pommade de garou Elle est composée d axonge de porc préparée 3 20 parties cire 32 parties écorce de garou préparée 1 28 parties3

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  1. Vous trouvez une description dans le Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes : avec un atlas de 200 planches lithographiées (3e édition, revue et augmentée par le docteur Henri Cazin,…)  par F.-J. Cazin, pages 365-366

    ou tout le chapitre sur les daphnes  dans Plantuse

  2. probablement le n° de ma source:  4o63 Camélée à trois coques Cneorum tricoccon Cneorum tricoccon Linn spec 49 Lam Illstr t 27 Chamelaea tricocon Lam Fl. fr. p. 682 – Cam. Epît. 973 ic .
  3. Manuel Des Pharmaciens Et Des Droguistes, Ou Trait Des Caractères Distinctifs, Des Altérations Et Sophistications Des Médicamens Simples Et Composés, |…, Volume 2 page 566  par J.B. Kapeler, Caventoun Ebermaier.