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Estront

Estront « étron, fiente », attesté dans les Landes et les Pyrénées-Atl. avec la spécification de bacca et le sens « bouse de vache ».  Il ne peut pas s’agir d’un emprunt au néerlandais stront « étron, fiente » et être attribué à l’influence des touristes venus des Pays Bas.c

C’est un emprunt aux langues germaniques *strunt, même si la première attestation vient d’une glose latine du IXe siècle : strundius sive struntus. . On le trouve en néerlandais et dans les patois allemands voisins (Aix-la-Chapelle), en bavarois et dans le Tirol. L’italien stronzo et le piemontais strons ont la même origine; comme le français étron d’ailleurs. Il y a des attestations dans toute la Galloromania, mais l’utilisation d‘ estront pour la bouse de la vache est rare (Thesoc).

Etron manque dans les questionnaires des atlas linguistiques, ce qui donne une faussi image de la répartition géolinguistique du mot.

Esturio

Esturio « filet de pêche utlisé dans les étangs du Bas Languedoc » (Mistral), en Gironde une estoueyre est un « sorte de tramail pour prendre des soles, etc ».
Etymologie : latin storea « natte » qui s’est conservé autour de la Méditerranée, dont l’italien stora, mot emprunté au XVIIe siècle par le français  pour nommer les  stores.

En languedocien estori a pris le sens « incapable, imbécile, crétin, etc. » Cet emploi métaphorique ne m’est pas clair.??

Euze

Euze « yeuse, chêne vert »  ou « quercus ilex ». Etymologie est le latin  ēlex,  ēlicis « chêne vert »., une variante régionale de l’Ombrie du latin īlex, īlicis.  Ce dernier a été conservé dans le sud de l’Italie et en Sardaigne, tandis que   ēlex est à l’origine des formes nord-italiennes, occitanes.   Attesté en ancien occitan elzer à Montpellier en 1179. A l’est du Rhône nous trouvons une forme avec -v- :  eouve, que Ronjat, Grammaire istorique des parlers provençaix T. 2,127  ne donne pas d’explication, mais constate que l’insertion d’un –v- précédé d’un -[w]- n’est pas rare.

Le dérivé provençal  euziera , languedocien éouzieiro désigne un « lieu planté de yeuses ».

Nous retrouvons l’adjectif  dérivé ilĭcīna  » du chêne vert »  devenu aussi substantif et qui a donné l’espagnol encina,  le portugais enzinha et le catalan alsin,  dans les département du sud-ouest du Languedoc  à Lézignan et dans l’Aude auzino,  dans  l’Ariège alzino et dans la Haute Garonne.  L’abbé de Sauvages écrit:

éouzino « gland de chêne-verd », Car d’ëouzîno « chair ferme ».  Il explique « Les cocons nourris de glands ont la chair plus ferme et de meilleur goût. On trouve en Espagne une espèce de chêne-verd dont les glands ont le goût de la châtaigne & sont bons à manger… »

Plus d’attestations dans le Thesoc:

ause°° HERAULT.;   ausin AUDE, HERAULT.; ausina ARIEGE, AUDE, HERAULT, PYRENEES ORIENTALESeuse ARIEGE, AUDE, HERAULT, PYRENEES ORIENTALES.

lèuge GIRONDE, LANDES. ; leugièr°° avec agglutination de l’article et le suffixe –ier dans ARIEGE, HAUTE-GARONNE, GIRONDE, LANDES, LOT-ET-GARONNE

Leuge casse léuge comme adjectif dans DORDOGNE, GIRONDE, LOT-ET-GARONNE.

Valleraugue élze  et plus d’informations dans le FEW 4, 544-5

Français yeuse a été emprunté à l’occitan avec adaptation de la prononciation.

Une belle photo faite par le Docteur Pierre Elzière

yeuse "quercus ilex"

quercus ilex