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Arapoman

Arapoman « gallium arapine » en français le « gaillet gratteron ». Voir Wikipedia. Pour l’étymologie et les autres plantes nommées arapoman voir  rapar.



Arcana

Arcana s.f. « craie rouge, ocre rouge, sanguine, oxyde rouge de mercure ». L’étymologie est le nom du « lawsonia inermis », appelé henné en français moderne, Henna ou echte Alkanna en allemand. C’est un arbuste de l’Orient dont les feuilles servent à fabriquer un colorant rouge depuis la nuit des temps. Il s’agit du  hinna en arabe et au XIIe siècle ce nom a été latinisé par Gerardo di Cremona (1114-1187) en alchenna. Ensuite il  a été vulgarisé par les médecins dans les langues romanes. FEW XIX,71

           

                                    lawsonia inermis.…………….. alkanna tinctoria

En ancien occitan le diminutif arcaneta a été donné à une plante locale, « alkanna tinctoria » orcanette en français moderne qui donne une couleur comparable ( or- au lieu de ar- probablement sous l’influence du mot or).
Dans notre région et en franco-provençal le mot sert aussi à désigner « l’ocre rouge » dont se servent les charpentiers pour marquer les poutres et les marchands de bestiaux pour marquer les bêtes. Un Néerlandais occitanophone (oui ça existe !) m’écrit : »arcana » èis un mot coneissut en Droma per desinhar lo marcaire roi de fias (fedas).
Beaucoup de dérivés sont attestés dans la région de Loriol et de la vallée de la Drôme, comme arcanayre « ouvrier employé aux mines de fer », arcanœyro « coloration en rouge » et arcanà  « marquer à la craie rouge », mais je pense que ces mots existent également dans la région de Roussillon.

     

Les carières d’arcana à Roussillon.                          Avoir les  arcanettes         

Arcanettes, avoir les arcanettes « le sang qui monte à la tête »  expression très courante en français régional.

arganel ‘gros anneau en fer’

Florian Vernet a eu raison de suivre le TLF en classant  arganeau dans la liste des mots français empruntés à l’occitan. Il écrit:

Arganeau, subst. masc. Arganèl {arganèu}argan”l argan”w]Gros anneau de fer placé à l’extrémité de la verge d’une ancre pour y étalinguer un câble, ou scellé dans le mur d’un quai, et qui sert à amarrer les bateaux. Le même terme existe en espagnol :arganel.

Le CNRTL qui écrit toute l’histoire en traduisant le FEW VII, p.411.:

Empr. prob. par l’intermédiaire du prov. arganèu ourganèu « organeau, puis anneau de fer auquel on passe un câble » (seulement ds Mistral) issu d’une forme diminutive (-ĕllu-)d’un b. lat. *arganum, lat. class. organum « instrument, outil », empr. au gr. ο ́ ρ γ α ν ο ν « id. » Le changement de voyelle initiale remonte prob. au plur. gr. τ α ̀ ο ́ ρ γ α ν α prononcé τ α ́ ρ γ α ν α compris comme τ’α ́ ρ γ α ν α. L’évolution de sens « outil » > « anneau » est vraisemblable. L’explication du passage de org- à *arg- sous l’infl. d’un lat. médiév. argata (attesté au sens de annulus en 1349, Du Cange) qui représenterait le gr. ε ̓ ρ γ α ́ τ η ς « travailleur » (attesté au sens de « levier de serrage d’une vis », Biton [3es. av. J.-C.] Math., 110eds Bailly) paraît peu solide. L’hyp. de l’empr. d’arganeau au cat. arganell issu d’un croisement entre le cat. anell « anneau » et argolla « anneau de fer » (art; .), Vidos 1939, p. 209 fait difficulté car le cat. arganell ne paraît pas présenter le sens de « anneau » (Alc.-Moll.). L’hyp. d’après laquelle le fr. arganeau serait une forme métathétique pour *orengueaudiminutif de *orenc (pour orin xves. « cordage qui attache une bouée à une ancre »), Barb. Misc. 2, 1925-28, p. 123, ne présente aucune base solide.

L’étymologie est le mot latin : organum  FEW 7,409  411

Pour les germanophones voici l’explication du FEW

arganeau FEW7p41  et plus loin :

Explication du FEW

avec cette différence que le  CNRT approfondit la note du FEW sur Barb. comme complètement à côté de la plaque.  On sait que les lexicologues sont des copieurs/colleurs, tous sans exceptions; moi le premier.  Ils restent humains.

la raison de cet article est le complément d(information que nous fournit un travail inestimable, le  Glossaire nautique du

du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud:

De la Nave au Pointu

 

La première attestation deans le FEW et CNRT est le  moyen français de  1382. Dans le Glossaire nautique c’est bien plus tôt : provençal . 1301 !   Vous savez que les étymologistes attachent beaicoup d’importance aux datations.

Glossaire nautique.
Arganel, arganellus, arganeau s.m. (lat. organum). Formes: arganel, arganot, arganeaul, organel. Sorte de bossoir basculant utilisé sur les galères et les chaloupes annexes de plus grands navires pour déraper l’ancre. 1301: « Item, arganellos barcharum de parescalmo veteres sex. » A.D. BdR. B 1936 f°114. 1477: « Item,… l’argil a proa cum duobus arganells.. » A.D. BdR. 351 E 451 f°42v°. 1510: « Per un arguinel per l’esquifo et lo bronse tot gr. VIII » A.C. Marseille HH 509 Bul. 106. 1512: « ung arganel… l’arganel de l’esquif… » A.D. BdR. B 1487 f°63v°. 1571: « Plus fault deux arganeaulx dedans lesquels se mettent les poulies pour mettre les fers dedans la gallaire. Lesdits arganeaulx se mettent à proue et sont de chesne ou de noyer servant pour serper ou lever les ancres. » B.N.F. Ms. fr. 3174 f°24v°.

 

 

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Argelas

Argela, argala « ajonc (ulex parviflorus), genêt épineux (genista scorpius) » vient de l’arabe al ğaulaq  « ajonc » . Il est curieux qu’une plante sauvage et indigène ait tiré son nom de l’arabe, mais sens et forme correspondent.

Mise à jour de l’étymologie dans un nouvel article argelas paliure

(FEW I, 65 mais  corrigé dans le vol XXI, 105  voir aussi à la fin de mon article). Attesté en latin médiéval en 1308 argilax. Les formes du Gard argala avec g- au lieu de -j- ou t restent inexpliquées. Par influence du nom dune autre plante ? En catalan argelaga. La Seyne argeiras « Genêt épineux, Ajonc de Provence, ou Calycotome pineux (Calycotome spinosa) « .

argela

A propos de cette étymologie de von Wartburg, le spécialiste Florent Dieterlen du basque m’écrit:
« Bonjour, J’ai vu dans votre site l’étymologie de argela, qui viendrait de l’arabe. J’ai déjà vu cette explication (chez Corominas, dans le FEW ou ailleurs?), mais elle ne me convient pas. En effet, ce mot et ses variantes se retrouvent dans des dialectes jusque dans les Alpes, la Sarthe, les Côtes du Nord, l’Italie. Or je ne vois pas une ancienne influence arabe là-bas. Je propose le mot basque arkatx=buisson. Vous me direz que le basque non plus n’allait pas jusque là. Eh bien si. Je fais depuis dix ans une thèse à l’Université de Lausanne sur le sujet, et retrouve des mots basques dans toute la France et l’Italie, ce qui est amplement corroboré par la génétique des populations. Cependant, je ne suis pas satisfait 100% de cette étymologie, et serais ravi si vous trouviez autre chose de mieux. Meilleures salutations, Florent Dieterlen

Dans le Gard nous trouvons Les Argel(l)as  aussi comme toponyme à Jonquières-St.Vincent et à Montfrin. Arjalas

Pour ceux qui s’intéressent à l’influence du basque notamment dans l’occitan, je conseille vivement de suivre ce lien

La plus ancienne attestation en gallo-roman est le toponyme Argilargueira dans un document de la région nîmoise de 1180.  C’est Corominas vol.1, pp.329-331 qui a approfondi le sujet et il vient à la conclusion que cette famille de mots vient de l’espagnol aulaga. Il est suivi par von Wartburg dans  le vol XXI, 105. L’arabe al ğaulaq serait un emprunt à une langue romane.

argelas et paliure

Un de mes tout premiers articles pour  ce site date de 2005  et concerne le mot argelas  « genêt épineux ».

C’est grâce Michel Prodel, qui publie une série d’articles très intéressants et bien documentés sur les toponymes de la Corrèze, que je peux corriger mon erreur.

épine du ChristMichel Prodel, Les plantes épineuses dans la toponymie de la Corrèze écrit à la page 4 paragraphe 1.6 ars, arn « paliure ».  Les noms de la famille  ars, arn d’origine inconnue,  désignent des plantes épineuses …

En effet, le volume XXI du FEW qui contient les mots d’origine inconnue  l’article paliure comprend tous les mots  du type arn. (FEW XXI, 114)
Il y a une seule attestation de ars avec un -s, un -s final d’ailleurs, qui est défini comme un pluriel.

Par contre le FEW distingue bien le type arn de tous les autres qui peuvent provenir de la racine *arg- dont le type argelas (les attestations du type argelas sont à biffer dans laréunies dans le volume XXI,105b). Ils sont repris dans l’article *arg-  du volume XXV, voir l’extrait ci-dessous.

Description de paliure (Wikipedia):

Ce sont des arbustes ou petits arbres de 3 à 15 m de hauteur. Les tiges poussent en zig-zag, avec une feuille et deux stipules épineux à l’extérieur de chaque coude. Les feuilles sont caduques ou persistantes, ovales, de 2 à 10 cm de long et de 1 à 7 cm de large, d’un vert brillant, avec trois nervures visibles à la base, et un bord dentelé ou lisse. Le fruit est une noisette ligneuse au centre d’une aile circulaire de 1 à 3,5 cm diamètre.

Paliure=Detail_fruitpaliure détail fruit

 Dans l’article *arg- du FEW XXV se trouve la remarque (p.182b) : « Le matériel correspondant est à biffer ici 21,105b ».  Il s’agit des mots que voici:argelasXXI 105 vers XXVTraduction du texte : Les traces les plus anciennes de cette famille se trouvent dans les documents en latin médiéval; : Argilargueira toponyme de la région  nîmoise, datant d’environ 1180.

 Le catalan argelac « ajonc » et  aregelaga s.f. appartiennent à la même famille. Le fameux étymologiste Corominas a démontré que l’arabe al-gaulac a été emprunté aux langues romanes et non pas l’inverse.

Le petit Louis Argilas, un des personnages du dernier « Vargas » que je suis entrain de lire porte un nom de famille bien gardois. D’après Geneanet les Arjalas sont concentrés dans la région nîmoise.(https://geneafrance.com/?n=ARGELAS) 

L’étymologie de ce nom Arjalas n’est pas 100%  claire et son origine remonte à une époque très lointaine, mais son sens est évident.

argousin

Argousin mot français qui a signifié 1.anciennement Bas officier des galères.2. péjoratifvieilli Agent de police.

Les linguistes qui s’intéressent à l’occitan ont à leur disposition un travail inestimable sur le vocabulaire maritime, fait par

du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud intitulé

De la Nave au Pointu

 

dans lequel on trouvé les attestations que voici:

Agosin, argousin, argusin, algousin s.m. (ar. al guazil). Argousin. 1453: « …Guilhen de Goa agosin de ladita galeassa… » A.D. BdR. 3 B 168 f°58. 1509: « Sen Lansalot Manatel pagas al nauchier et al gardian de frayre Bernadin et l’agozin a causa de l’esclau que frayre Bernardin donet al ponton la soma de fl. III. » A.C. Marseille HH 509 Bul.
Voir FEW 19,198

Le commandant propose comme étymon le mot arabe al guazil. 

Dommage que le Commandant Noël Fourquin et Philippe Rigaud n’ont pas eu connaissance du FEW d’une part  et que les collaborateurs et successeurs de von Wartburg n’ont pas connu cette oeuvre.

Voir la suite en cliquant ici

Les explications :wazir 2Je traduis parce que von Wartburg ne connaissait aucune attestation occitane. Grâce au travail

 

 

Glossaire Nautique = première att; de 1452 dans BdR

Longue citation de BEGUES F. de, Lou jardin deys musos Prouvençalos, Aix, 1666.

argues, -agues, -ange, toponymes

-argues. Beaucoup de toponymes dans le Midi se terminent par le suffixe -argues. Comme un visiteur me pose la question, j’en ai cherché l’origine. La source incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à la toponymie française est le livre d’Auguste Longnon. D’après lui -argues vient d’un suffixe -anicus ajouté aux gentilices « Nom du groupe de familles (lat. gens), intercalé, dans le nom d’une personne, entre le prénom (praenomen) et le surnom (cognomen) » (TLF). Un exemple probant tiré du   Dictionnaire Topographique du Gard:


Le suffixe -argues se trouve dans le dép. 13, 30, 34, 81, 12 et 15; il devient -agues dans l’Aude et la Haute-Garonne, ange dans le Puy-de-Dome et la Corrèze. Dans l’Hérault il y a en plus Portiragnes.

 

En format PDF, vous trouverez ici les pages du livre d’A. Longnon. Longnonp.93 argues en bas de la p. sous le n° 372;  Longnonp.94 argues contient les noms de villages, la suite à la p.95.  Longnon p.95

Quelques exemples: Acutianicus > Guzargues (Hérault), Albucianicus > Aubussargues (Gard), Bullianicus > Bouillargues (Gard), Granianicus > Gragnague (Hte-Garonne), Julianicus > Julianges (Lozère),  Marcianicus > Massargues (Gard), Marsange (Hte-Loire), Massanges (Puy-de-Dôme).

La p.95  du livre d’Auguste Longnon interessera aussi les Domergue < Dominicus et les Rouergats < Ruthenicus.

ariège 'salsepareille'

 Ariége, saliége,  (S2), clariège (M), rinvierge à Marseille d’après Mistral.

salsepareille

Ci-dessous la description de l’abbé de Sauvages (S2 identique à celle de S1 de 1756))

  

La forme ariège  est attestée  à Nice et dans la Gard par l’abbé de Sauvages et dans le Trésor de Mistral. Le FEW fournit aussi un faliège, mais c’est une fausse lecture pour saliége (voir l’image ci-dessus).

L’étymologie de ce groupe de mots était  inconnue.  Le FEW  ne savait   pas quelle forme pourrait être à la base de ce groupe..

Grâce à Mistral qui note le mot catalan aritjols et au  Diccionari de la Llengua Catalana, ab la correspondencia castellana  qui écrit que la salsepareille  s’appelle aritjols ou arinjol,   je l’ai retrouvé  dans le Diccionari etimològic  :  aritja « sarsaparilla »  attesté depuis 1650 … de l’arabe  ´arîša « parra » (« treille » en français).  avec trois  dérivés  : aritjol, aritjar et aritjolar.   Cette étymologie doit  venir du grand étymologiste Coromines, mais je ne suis pas en possession de son dictionnaire étymologique du catalan. Je retrouve la même étymologie dans le Diccionari cat. :

aritja   [1650; de l’àr. ‘arîša ‘parra’] f 1 BOT Arítjol.  2 ALIM Beguda que s’obté de la cocció de l’arrel d’arítjol ( aritjol « smilax aspera »; aritja Smilax aspera var balearica arítjol baleàric ). J’ignore hélas tout de l’arabe, mais dans le Glossaire Des Mots Espagnols Et Portugais Derives de L’arabe Par Reinhart Pieter Anne Dozy, W. A. Engelmann (coaut), p.58,  je trouve les remarques suivantes:

L’arabe aricha peut donc désigner un treillage sur lequel on fait monter  de la vigne  … ou sur lequel monte la salsepareille.

Je pense que cette étymologie est la bonne.

Salsepareille. Les premières attestations du nom français salsepareille « smilax  europaea » datent de 1570 et viennent du portugais çarçaparrilha , devenu salsaparrilha  influencé par salsa « persil ».  Cotgrave (1611) écrit zarzeparille  en suivant la forme espagnole zarzaparilla. Au XVIe siècle les Portugais ont importé  de Chine  le smilax China L.    Le nom salsepareille  a été donné également à plusieurs espèces américaines, spécialement de la côte est du Mexique et de Colombie où le Smilax medica Schlecht et le Smilax officinalis  sont indigènes.  Les racines de la salsepareille ont joué un rôle important dans le traitement du syphilis1

L’élément zarza-  est probablement d’origine préromane et indigène dans la péninsule ibérique. FEW 21,181b.

D’après Pouzolz, vol.II, p.385,  la salsepareille s’appelle lenga de ca  dans le Gard.
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  1. C’est à cela que l’abbé de Sauvages fait allusion quand il dit que « notre salsepareille est employée aux mêmes usages que celle d’Amérique, mais en plus forte dose.

Armas

armas « terre inculte » voir Herm

arne, arnos ‘mites’

Arne : Mite microscopique qui a une prédilection pour les plumes. Les taxidermistes amateurs qui naturalisaient leurs leurres (Vanneaux, Pluviers, étourneaux et autres limicoles) pour la chasse au poste, mettaient du sel pour conserver la peau et y ajouter du poivre pour protéger les plumes de ces arnes. (Jean Daumas, Marsillargues).

arna

Pierrepiaf; vétérinaire vous explique tout sur les mites des plumes.

Les dictionnaires occitans en ligne ne donnent que les mots arne, arna et arnadura « vermoulure », mais Alibert nous fournit des compléments:

Arna AlibertLe Thesoc dans l’article mite montre que le mot  était vivant  dans une grande partie du domaine occitan. La variante darna est limité aux départements ARDECHE, CANTAL, DORDOGNE, HAUTE-GARONNE, ISERE, HAUTE-LOIRE, LOT, LOT-ET-GARONNE, LOZERE, TARN, TARN-ET-GARONNE. PUY-DE-DOME.et CORREZE,

ans FEW XIII/1, p.122  dans l’article tarmes « ver à bois » nous trouvons des attestations depuis le XIIIe siècle.arnaFEW13-1

L’auteur réunit les 3 types arta, arna et darna dans le même article, mais dans son commentaire il précise que pour le moment il n’a pas d’explications de ces formes, la disparition du t- initial, le -t- devenu -n- dans de nombreux patois et le d- initial.

Par contre les évolutiçns sémantiques ne posent aucun problème. Jetez un coup d’œil sur l’article du FEW XIII/1, p.122   pour vous en rendre compte.