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Les deguns

Actualités.

Les deguns saison2

Etymologie degun  article de 2011.

cabudeou, candel ‘peloton’

Cabudeou en provençal,  candel en languedocien  ‘peloton’ ont la même étymologie que le mot capitelle, le latin capitellum avec cette différence que ce dernier est un emprunt au latin du XIIe siècle, tandis que les formes cabudeou  et candel viennent directement du latin parlé en Gaule. Dans les Landes un cabedét est la « luzule des champs ».  Pourquoi? Peut-être parce que les feuilles ont, lorsqu’elles sont jeunes, de longs poils blancs sur les bords. (Source).  Peloton signifie ici « petite boule de laine » et non pas « petit groupe de soldats ou de personnes ».

luzula_campestrisCabedelá, candelá « mettre en peloton », deskadelá « dévider ».

FEW II, 259

Gamas ‘cépée, taillis’

Gamas, gamasses « taillis, cépée, jeune chêne, broussailles ».

gamasses

Dans   la Troisième partie. La Terre. de Les campagnes du Lauragais à la fin du Moyen Âge,   Marie-Claude Marandet  a relevé un grand nombre de mots pour « jachère », dont

 Gamaduro : cépée, rejetons, taillis (F. Mistral);  gamasses : rejetons qui poussent au pied des arbres dans les taillis, broussailles (F. Mistral) ; gamassado : taillis, bois taillis (F. Mistral) ; gamasso : chêneau, jeune chêne, taillis (F. Mistral)

Il est bien possible que dans les documents du  Lauragais le mot gamaduro est utilisé avec le  sens « cépée, taillis », mais pour Mistral gamaduro  signifie  » langueur »; il renvoie d’ailleurs vers son article gamaduro que je reproduis ci-dessous1 . Pour lui gamas avec le sens « cépée, etc » est  limité au Rouergue, le pluriel gamasses est languedocien.

gamasMistral          GamaduroMistral

Mistral a mis les deux sens « maladie » et « taillis » dans le même article. D’après le FEW il s’agit de homonymes.

Dans le FEW XXI, 63  nous trouvons plusieurs attestations de gamas, gamasso avec le sens « taillis, cépée, buisson » à Castillon-en-Couserans (Ariège), dans le Lot et à St-Chely-d’Apcher.  Dans l’Aveyron  le « chêne » s’appelle aussi gomasso.  Il s’agit d’une famille de mots d’origine inconnue pour le moment. Le spécialiste de l’indo-européen J.Hubschmid a publié un article sur gamasso, dans lequel il propose une racine préromane *gam- comme nom de plantes avec des tiges très longues, des rejetons etc.

Hélas, ce volume de la revue n’est pas encore dans le domaine public. L’année prochaine peut-être.  La rareté des attestations et leur répartition géographique suggère un manque d’informations, la preuve:

Toponymie

Gamassado « taillis » est aussi un toponyme en Provence et  Gamasso « jeune chêne, bois taillis » également, avec la variante gamassa en Aveyron. (Pégorier). Ces toponymes  (à vérifier !) prouvent que l’extension géographique a été plus importante que ne montrent les données des dictionaires; Le FEW fournit un nom de lieu dans le département du Lot La Gamasse « terre maigre avec des plantes rabougries ».

Gamaduro ou bamadouro en Rouergue fait partie d’une autre famille de mots, très répandue en occitan. J’y reviendrai dans un autre article.

 

  1. J’ai posé la question à Mme Marandet et elle m’a confirmé  » ce terme ne peut, dans le type de document que j’utilise, que correspondre à une formation de type taillis », mais elle ne m’a pas fait parvenir la source.

pancossier ‘boulanger;revendeur de pain&rsqu...

Pancossier « boulanger ». Etymologie panis « pain » + coquere « cuire ». Pancossier est attesté dans la région de Toulouse et en gascon depuis le XIVe-XVe siècle.  En languedocien pangoussie signifie  « revendeur de pain » et pas « boulanger ».  (Mistral). FEW VII, 550b

Il me semblait que marchand ou revendeur de pain était une activité récente, genre « pain show », où on n’achète le pain qu’en cas de besoin extrême.  En bas-limousin on a créé un verbe pongoussa « manier maladroitement, faire quelque chose sans goût et sans adresse ». Le pongoussié n’y avait pas une bonne renommée, comme le painchaud moderne.

p.257 du Bulletin de la Société Ariégeoise des sciences, lettres et arts. Vol. IV(1891) pp.253 ss;   Coutumes municipales de Seix en Couserans, confirmées par Philippe le Hardi. Copie datant de 1669.  Publié par F.Pasquier. En ligne sur Gallica.

pancossier

« Les boulangers gagneront  4 deniers au coûts  du froment, s’ils en tirent davantage, ils donnent 20 deniers d’amende et le pain est confisqué, selon le dit de la cour. »

(Costier « coûts » est absent du FEW)

Paratge ‘égalité’

Paratge

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Arrêt sur images. Dans la chronique de ce matin intitulé Les migrants, les crêpes et le routier, il y a le commentaire que voici:

Ah, ce droit d’asile! Ce lieu inviolable ou une personne en danger trouve refuge…ce lieu qu’on ne peut piller, inverstir, pénétrer

Ce paratge cher aux Occitans,  » Le Paratge, ce terme intraduisible littéralement dans d’autres langues, était à la fois le sens de l’honneur, l’amour courtois, le respect de soi et de l’autre, quel que soit son sexe, sa race, sa religion ou son origine sociale, ainsi que la négation de la loi du plus fort. »

L’étymologie de paratge  est le latin pār « égal, pareil, convenable, juste » > pair en français.

Bernart de Ventadour :

paratge_Rayn

Le sens le plus courant de parage/ paratge en français et en occitan est  » extraction, noblesse, haute naissance ». Comme terme juridique paratge signifie : « égalité de conditions entre aîné et  puinés, malgré l’inégalité du partage de l’héritage ».

 

 

grazaou ‘auge’

Grazaou « auge de bois » elle se fait d’une pièce de bois creusée dans la longueur en forme de canal, telle que l’auge des maçons. (Sauvages, 1756). Alibert veut qu’on écrive grasal, Mistral grasau.

Etymologie : latin crātis « panier tressé » FEW II, 1293 colonne b, où vous trouverez les différentes significations et formes dans les parlers occitans, à partir de Rochemolles, (Piemont en Italie) jusqu’en poitevin.  Grazaou fait partie du groupe de mots qui viennent d’un dérivé du latin tardif gradalis attesté au VIIIe s., XIe s.  d’après le CNRTL,  et qui a donné graal en ancien français. Voir Wikipedia  à propos du Graal.

Grazalé « une petite auge » et uno grazalado « une auge pleine de mortier, plâtre etc.  »

En vallée d’Aoste  une grolla  est une coupe de l’amitié, dans laquelle on verse du cafe corretto qu’on partage.  C’est la fête!

grolla2   grolla1

cafe avec le  corretto à part

cafe avec le corretto à part

gusard ‘vaurien’

Dans la description de la Révolution française telle qu’elle s’est produite à Mirepoix En 1791, en Ariège, on se traitait communément de cacaracà, Christine Belcicowski  écrit:

A Pamiers, on faisait alternativement la chasse aux prêtres réfractaires et aux prêtres constitutionnels, on commettait des abominations à l’église du Camp, on portait des charognes dans l’église des Carmes, on se traitait communément « de gusard 6 et de jean foutre, de pouf 7 et de cacaracà » 89.

Note 6 : Gusard « fripon » en occitan.

L’étymologie est selon le FEW XVI,98 le moyen néerlandais guit  prononcé [gœüt] « vaurien ». Gueux a  fait l’aller – retour entre la République des Pays Bas et le Royaume France, gueux, gueuse m. et f. « vil mendiant, vil personnage » attesté depuis 1452, gus « gueux » à Marseille,  en languedocien et en Bigorre. Le dérivé gusard, guzard « gueux, scélérat, canaille » est attesté dans plusieurs parlers, dont le normand, le dauphinois et le gascon.

Le 6 avril 1566 les nobles hollandais ont adopté le nom geus    comme nom d’honneur  pour exprimer leur indignation d’être abaissés à l’état de mendiants par le régime espagnol, en criant Vive les gueus.  Une ébauche concernant la Révolte des gueux en Hollande se trouve dans Wikipedia.

les Gueux

les Gueux en 1572

 

grola, groule ‘savate’

Grola groula, groulo « savate, pantoufle, souillon » . L’étymologie est une racine *grolla non attestée. (Alibert donne comme étymologie latin grullus « bateau » que je n’ai pas retrouvé).

Des Groules détournées:

groules_Tcheques

Le type grola se trouve dans les départements ARDECHE, AVEYRON, GARD, HERAULT, LOZERE. d’après le Thesoc, et le type grolha, groulha  dans les départements AUDE, HERAULT, PYRENEES ORIENTALES. Mais ces données sont très incomplètes. Le type grolla se trouve dans tous les parlers occitans et franco-provençaux, ainsi que dans les régions voisines, dans les parlers de l’Ouest, en normand et en piémontais groula « ciabatta ».  Il est  vivant dans le français régional du Gard groule, attesté ce matin chez une amie. Lhubac mentionne  groulle  pour Gignac avec le double –ll- bien prononcé.

Le verbe dérivé grolassier signifie « trainer des pieds, marcher lentement », ou à St-Etienne « s’arrêter dans les cabarets, se débaucher ». Une groulassou  est  une « traineuse de savates » à Castres. Le groulié le « savetier » en Aveyron et ailleurs.

D’après Alibert grola est aussi le nom d’une plante le « caucalide à feuilles menues », mais je n’ai rien trouvé1

Orlaya-grandiflora-Bridesmaid-agratéou, grapoun, grampoun, goussés, cagnots, laputs

Voici l’article de Mistral, avec les différentes formes et sens:

groulo MistralL’abbé de Sauvages connaît aussi le jeu de savates: jhouga a passo groûlo « jouer à la savate ». Pour en savoir plus j’ai demandé à Google qui me renvoie vers les Oeuvres complètes de Sterne:

jeu_de_savateSi vous voulez lire ce qui arriva à sa fille ainée, cliquez sur le lien ci dessus.

En 2009 il y avait encore quelqu’un qui connaissait cette expression et qui l’utilisait à propos d’un match:

pêche dit :

  • merki….la seule sertitude c’est que j’irai pas niquer des 51 sur leurs terres!!!!!
    on va finir par se facher avec tout le monde!!!! mais pas grave!!!!!!!
    patoche pour jouer à la savate , il faut être souple des adducteurs…

 

Depuis le XIXe siècle existe la Savate (sport de combat); Voir Wikipedia.

FEW IV, 272

  1. Michel Chauvet me signale: « Il existe un Caucalis tenuifolia, qui est un synonyme de Orlaya grandiflora (voir Tela Botanica). Rolland a une page sur cette espèce, mais pas le nom que tu indiques.  »  Dans cette page Rolland donne les noms occitans suivants: gratéou en provençal, grapoun à Aix-en-Provence, grampoun dans la Vaucluse, goussés (= »petits chiens ») à St-Pons (Hérault) et dans l’Aude, cagnots (= »petits chiens ») dans la Hte-Garonne et laputs dans le Tarn-et-Garonne.  Il y a encore du boulot pour les étymologistes

Rese ‘tique’

Rese « tique, ixode (chien et boeuf) d’après Alibert,  synonymes pat, fedon, legast. » L’étymologie est le latin rĭcĭnus « une grosse tique » d’après mon dictionnaire latin. En occitan les attestations sont rares et viennent principalement des départements du Gard, de l’Aveyron et de la Lozère.  Voir le Thesoc : tique rese [reze] AVEYRON, GARD, HERAULT, LOZERE, TARN.

Pourtant en dehors du galloroman le nom a survécu en Sardaigne, en catalan de Mallorca, en espagnol et même en albanais.

L’abbé de Sauvages le connaît bien. Il écrit:

 » Rêzë, le Riccin, la tique, & selon l’Académie la tic insecte du genre des acarus qui s’attache aux chiens & à d’autres quadrupèdes, il est de la grosseur d’un pois, on distingue peu la tête & les pattes de du reste du corps qui a la forme d’une boulette. Il s »attache si bien à la peau des animaux qu’on ne le tire qu’avec peine: de là le Proverbe ; — ten coum’un rêsë; il tient comme la teigne.

Ixodes_ricinus_08   ou celui-ci?  Rhipicephalus_sanguineus

Images Wikipedia

Et il ajoute:

Le Ricin ou le Pignon d’Inde est la semence d’une plante de même nom qui ressemble un peu à la tique des chiens & qui est fort joliment bariolée.

Ricinus_communis_-_Köhler–s_Medizinal-Pflanzen-257  http://fr.wikipedia.org/wiki/Ricin_commun  Ricinus_communis Seeds

Images de la plante Wikipedia

Latin rĭcĭnus est aussi le nom de la plante  ricin,  attestée chez Pline, qui a d’ailleurs donné le même nom à « une sorte de mûre qui n’est pas encore arrivée à toute sa croissance ».  En français la première attestation de ricin « Grande plante originaire de l’Afrique tropicale (famille des Euphorbiacées) » (CNRTL) date de 1548 et vient des médecins/botanistes de l’époque.  

L’abbé de Sauvages ou son frère François, se trompe donc en appelant le ricin le Pignon d’Inde, mais il sait que ces graines, dont on fait  l’huile de ricin, viennent de loin. C’est une autre plante de la même famille.

 

Tique En ce qui concerne le mot tique le CNRTL mentionne que la  première attestation dans le dictionnaire de l’Académie date de 1798. Or, le dictionnaire de l’abbé de Sauvages date de 1756.  Il a donc utilisé la 3e édition de 1740 ou antérieure.   Le FEW XVII, 329 ne mentionne pas non plus la graphie tic. A trouver. 

Le FEW mentionne que le mot tique a eu aussi le sens de « fruit du ricin »,  dans des dictionnaires du français de 1635 à 1675.  Curieux. Probablement un sens fantôme.

 

 

 

 

grumejar et oc. broumeja

Un visiteur catalan m’a signalé que Corominas  discute l’étymologie de broumeja « appâter », broumet « appât » dans son article grumejar Comme je ne suis pas en possession de ce  grand dictionnaire étymologique du catalan, je lui ai demandé de me le copier. Voici le résultat. gruma

Il découvert que le type d’origine grecque βρωμα se retrouve sur le côtes méditerranéennes jusqu’à Vénise. Je reprends ici ces attestations:

gruma_Coromines

Dans mon article broumeja j’ai déjà mentionné l’attestation du nord-catalan ‘Bromeig‘.

Corominas propose de rattacher les deux types broma et gruma non pas au grec mais à une racine Grūm-,  avec labialisation de gr- > br- sous l’influence de la voyelle tonique suivante.  Le fait que BROMA  existe dans le vocabulaire nautique avec le sens « mollusque qui dévore le bois » avec le composé abrumar est un argument de poids.

broma3 [1504; probablement del gr. brõma ‘corcadura’, perquè corca per sota el buc de les embarcacions]  ZOOL Mol·lusc lamel·libranqui marí de la subclasse dels eulamel·libranquis (Teredo navalis), de cos molt allargat, vermiforme, i de conquilla petita, atrofiada, emprada com a òrgan perforant.

Mais  dit-il à la fin de son article qu’on ne peut prendre une décision définitive.

 Coromines,  Diccionari etimològic i complementari de la llengua catalana