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Enregistrements

Patois de Taleyrac, commune de Valleraugue (30570)

enregistrés le 15 février 2008

Dictons et proverbes en usage à Valleraugue

Pour les entendre Cliquez sur les textes en occitan.

Sap y faïre, touto peïro li fo contou « Il (sc.un maçon) connaît son métier, de toute pierre il fait une pierre d’angle »

Cal bol de bel tens, cal qué l’espèré « Celui qui veut de beau temps doit l’attendre »

Reboussié coumo Prodet de Gangjé : « sa femme s’étant noyée, Pradet de Ganges remontait le cours de l’eau pour la chercher ».

Pitchot faÏs bien liat es mietch pourtat « petit fardeau bien attaché est à demi porté »

Pescaïré d’aïgo douço é cossaïre dé brousso, djomaï n’ocampo bousso « Pécheur d’eau douce et chasseur de brousse ne deviennent jamais riche ».

 Très poulos é un gal, lou bon Diou béniro lou trébal « Trois poules et un coq, le bon Dieu bénira le travail », ce qui veut dire qu’il faut mettre les oeufs à couver quatre par quatre

Qué poudo lon, béou un on, que poudo court, béou toudjour « Celui qui taille long, boit un an, celui qui taille court, boit toujours »

Lo bigno dis : poudo mi doban qué plouré, fouï mi doban qué bouré, bino mi et agués pa lagui dé bi. « La vigne dit : taille-moi avant que je pleure, laboure-moi avant que je bourgeonne, et n’ai pas peur de manquer de vin.

Lo pès fo l’ordjen, mai l’ordjen fo lo guerro. La paix produit de l’argent, mais l’argent engendre la guerre.

Djomaï piel dé cabro n’o pa estouffat loup. Jamais poil de chèvre n’a étouffé un loup.

Negochin, negafol, neguati

Negochin « petit bateau de pêcheur »  est  un mot plutôt provençal,  même s’il est attesté aussi dans leGard. L’étymologie est le latin necare + cane « chien ».  Le verbe necare   signifie « tuer qn avec violence » en latin classique, mais son sens s’est restreint à « noyer » dans presque toutes les langues romanes.

Ce nom est même passé en français. Dans le Grand Larousse de 1874  est écrit: 

NÈGUE-CHIEN s. m. (nè-ghe-chiain – du provenç. négar, noyer, et de chiain, à cause du danger de se noyer que l’on court en montant un de ces bateaux. Le mot périssoire a une origine toute semblable). Très-petit bateau dont on se sert pour chasser le gibier d’eau. On dit aussi NÈGUE-FOL.  NOIE-CHIEN  synonyme de nègue-chien

Negofol qui vient de necare + follis 1 est le mot courant de la rive droite du Rhône jusqu’à  Toulouse, le Tarn et Agen, mais dans cette dernière ville nègo-fol désigne la « renoncule aquatique ».

nègofol agenois

Mistral connaît beaucoup d’autres composés avec négo-:

        

Dans le Midi Libre du 25 juillet 2011, il y avait un article sur les activités de l’association Siloe. « Le neguati a été sorti de l’eau il y a quelques jours; les travaux de restauration supervisés par Siloe commenceront à la fin du mois. »

neguati article ML

J’ai l’impression que la forme neguati « barque traditionnelle des étangs de  Camargue »  donné par le Midi Libre est une adaptation régressive au français de la prononciation locale négatchi > negati  mais je n’en suis pas sûr.

 Voir aussi l’article ganchou

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  1. en latin classique « soufflet pour le feu; outre gonflée; ballon; bourse de cuir » qui a pris à basse époque en emploi adj. le sens de « idiot, sot » TLF

Sopar und Suppe

Übersetzung aus : http://www.etymologie.info/~e/ Etymologie-Portal von  dem Absatz  Die Bezeichnungen der Mahlzeiten  in die Europäische Sprachen in meinem Artikel Sopar,dinar . dejunar

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Sopar

Unter dem Stichwort « sopar » = « Suppe » hat Robert Geuljans auf seiner okzitanischen Etymologie-Site (süd- und südwestfranzösischen Dialekte) einige Bezeichnungen von Mahlzeiten in verschiedenen germanischen und romanischen Sprachen zusammengestellt. Eine Erkenntnis ist, dass für uns Menschen, genau wie für die Tiere das Wichtigste beim essen, nicht « geniessen » ist, sondern « beissen ». Als deutliches Beispiel kann « Imbiss » gelten.

beissen    

Typ « Unterbrechen des Fastens »: occitan, frz. « déjeuner » (= « unterbrechen des Fastens »), engl. « breakfast » (= « Fastenbrechen »), span. « desayuno » = « Frühstück » (= « Fastenbrechen »), port. « jantar » = « Abendessen » (lat. « jantare » = « prendre le petit déjeuner » aus « jejunus » > « jejentare » ), port. « refeição » = « réfection » = « Renovierung » (lat. « reficere » = « erquicken », wörtlich « wiederherstellen », vgl. « Refektorium »). Auch international « Restaurant « , ein Wort erfunden von Boulanger in 1765 wobei er dachte an die Bibelstelle « venite ad me qui stomacho laboratis, et ego restaurabo vos ».

USA       France

Typ « Inhalt der Mahlzeit »: span. « sopa » (= « Suppe »), frz. « souper » (= « Abendessen »), engl. « supper » (= « Abendessen »), dt. « Abendbrot ». Wesentlicher Bestandteil der « Suppe » war (und ist für mich immer noch) das eingetauchte oder zumindest dazu gegessene Brot. Sprachlich hängen die « Suppe »-Wörter mit dt. « saufen », « saugen » zusammen.

Suppe  potage,  Brühe ohne Einlage!

Typ « Mengenbezeichnungen »: frz. « petit déjeuner » (wörtlich « kleine Fastenunterbrechung), span. « pequeno almoço » (Übersetzung habe ich nicht gefunden – vielleicht wörtlich « kleiner Schleim/Brei ») almoço = span. almuerzo = Typ beissen lat. morsus.

Typ « Zeitbezug »: ital. « prima (colazione) » = « erstes Frühstück », dt. « Frühstück » (« frühes Essen »), dt. « Abendessen », ndl. « avondeten » (« Abendessen »), dt. « Mittagessen », engl. « lunch » (entstanden aus « luncheon » (1580), engl. « lunch » = « Brocken », « Bissen » und « Äon » = « Zeitalter », « Weltalter » (wörtlich also « Beißzeit »), oder aus « nonechenche » (« none » = « neun » + Entlehnung von span. « lonja » = « (Brot-)Scheibe, also wörtlich « Neunuhrbrot ») », ebenso fläm. « noenmaal » = « Neun(uhr)mahl » (ahd. « mal » = « Zeit(punkt) », « Markierung », « Ziel », urspr. « Abgemessenes »), ital. « pranzo » von lat. « prandium » = « erstes Frühstück » oder « erste Mahlzeit » = « premier repas » (lat. « prandere » = « frühstücken », « zu Mittag essen »). Span. « Cena » = « Abendessen » (« l’Ultima Cena » = « das Letzte Abendmahl »), wobei lat. « cena » vermutlich auf eine Bedeutung « Schneiden », « couper » zurück gehen dürfte.

Typ  » Essen »: span. « comida » = « Mahlzeit », « Mittagessen » (aus « com » + « edere » = « zusammen essen »), dt. « -essen », ndl. « -eten », ital. « pranzo » = « (Mittag)Essen » von lat. « prandium », das vermutlich eine Zusammensetzung mit lat. « edere » = « essen » ist.

Typ « Rahmenprogramm »: ital. « colazione » = « Frühstück », frz. « collation » eine Entlehnung aus Kirchenlat. « collatio » = « Versammlung », « Unterredung » = « Zusammenkunft der Mönche », insbesondere wurden während der Mahlzeiten religiöse Texte verlesen.

Typ « Art und Weise des Speisens »: 1) Typ « beißen », oder « brechen » wie span. « almuerzo » = « (zweites) Frühstück », « Mittagessen » (wörtlich – span. « muerzo », « Biss » mit arab. « al » – « das Beißen »), port. « almoço » (beide von lat. « morsus » = « Beißen »), ndl. « ontbijt » = « Frühstück » (Wörtlich = « Anbiss », ndl. « bijten » = « beissen »), dt. « Imbiss » (wörtlich etwa « Hineinbeissen »), frz. « casse croûte » = « Imbiss », « Vesper » (wörtlich etwa « Brechen der Kruste », « Brechen/Beißen des Brotes »), engl. « snack » (wörtlich « beissen », engl. « to snack » = « schnappen »), ndl. « hapje » = « Happen » = « Zubeissen », « Zuschnappen », ital. « spuntino » = « snack » (ital. « spuntare » = « sprießen », « aufgehen », « anbrechen »).

2) Typ « kosten » wie frz « déguster » = « kosten », « probieren », frz. « goûter » = « kosten », « probieren », span. « tentempie » = « Imbiß » (wörtlich etwa « tenter à pied » = « im Stehen probieren »).

déguster

"déguster" kosten kann nur ein Mensch

Cadel,cadèou "petit chien"

Cadel, cadèou en provençal « petit chien » vient directement du latin catellus « petit chien ».   Cadèla « jeune chienne » de catella. Attesté dans tout le domaine occitan.  Français chiot et chialer ont  la même étymologie.

Cadel  prend quelques significations secondaires : cadèlo  « charançon »  en provençal et languedocien; cadel « rejeton qui pousse sur les racines » dans l’Aveyron; cadel « chaton, fleur du saule » (Sauvages) ou du noisetier. En provençal  un  cadèou est un « jeune gars qui a les manières enfantines » ou comme terme  de métier très spécialisé « écume qui s’élève au-dessus de l’huile récente, pendant qu’elle est encore dans les tonneaux du moulin ».  A Aix en Provence  far de cadèous  est « vomir ». Dans la Vallée d’Azun (Hte-Pyr.) les cadéts  sont les « chevilles qui maintiennent les bords latéraux du moule à fromage ».

Les mêmes transferts se trouvent dans les langues voisines, comme par exemple en catalan  cadell  « fleur du peuplier ».

     

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Pessugà "pincer"

Pessuguer  « pincer, attraper ». en français régional. L’étymologie est une racine *pints-  « saisir, pincer » répandue dans les langues romanes ; une variante sans nasale *pits-  se trouve dans les langues romanes et germaniques, comme dans mon parler natif (Roermond, NL) pitsen « pincer », en wallon pici et en italien pizzicare. 

Un fidèle visiteur nîmois m’a  signalé  cette  expression qui d’après lui se dit souvent chez les paysans de la région: pessuguer qui veut dire « attraper ».  Je retrouve le mot sur internet, le plus souvent avec un  sens proche de « pincer ».  Selon Alibert la forme langedocienne est pecigar  « pincer, attraper ».  A La Seine-sur-mer Pessuguer (Prov. pessuga) Pincer. Signifie également au fig. : prendre sur le fait, arrêter. Vairolatto (le Garde), lui, s’il en pessugue un, il lui fera passer un mauvais quart d’heure. Voir aussi l’expression : les mounines doivent le pessuguer !

En occitan nous ne trouvons que des dérivés de *pits. La première attestation date du XIIe siècle.  Dans le Lexique de Fr.Raynouard  1

Le verbe pessuga(r)  et les dérivés comme  pessugado  « pincée, petite quantité », pessuc « pinçon; pincée » se trouvent en provençal,  languedocien  et gascon. Nous le retrouvons en catalan pecigar  « pincer » et légèrement déformé sous l’influence de pellis « peau » en espagnol pecilgar, ainsi que dans les parlers nord-italiens, piemontais pessiè « pincer » et gênois  pessigà « piquer ».

Comme composé il y a surtout le verbe  espessugà  « pincer » qui a pris dans l’Aveyron le sens « éplucher quelque chose qu’on mange sans appétit » et  l’adjectif  espessugaire.

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  1. la traduction « déchiré » est erronée. Plutôt « l’avare ne veut pas qu’on lui saisit de l’argent ».

Mastra 'pétrin'

Mastra « pétrin »en provençal et est-languedocien,    l’étymologie  est  comme pour  mats, mèit   et français  maie  un mot d’origine  grecque : μακτρα « pétrin ».

pétrin provençal.

La première attestation date de 1351  à Maguelone dans l’Hérault. Le FEW donne sa source « ARom3, 371 ».  J’ai voulu vérifier, ce que je ne fais pas toujours parce que cela m’occuperait des journées entières.  J’ai « googlé « Archivum romanicum 3 »  et en effet en 3e position je le trouve.  Un certain Gulio Bertoni a dépouillé le livre de A. Germain,  Maguelone sous ses évêques et ses chanoines.  Montpellier, 1869. Aux  pp.219-288 se trouvent les  Statuts de l’Eglise de Maguelone.   Dans ces statuts il y a de nombreux mots occitans mélangés au latin.  Si cela vous intéresse,  suivez ce lien .   A la page 271 du livre de Germain est noté notre mastra:  Extrahere pastam de mastras

Quand je vois cela, je me rends compte du travail de moine que von Wartburg a dû faire  pour le FEW et la chance que nous avons de disposer d’Internet.

Pratiquement toutes les attestations actuelles de mastra viennent du domaine provençal, plus une de St-André de Valborgne (Gard), mais l’attestation de Maguelone prouve qu’autrefois cette zone était plus étendue.

Les signifcations secondaires restent proches du sens « pétrin ».  Dans la Drôme mastro  « huche de cuisine, armoire, auge à porcs », à Allos (près de Barcelonnette) « caisse dans laquelle on échaude les cochons » 1. A Nice une  mastra  est aussi un « gros derrière ». La mastro ou  la grande mastro est un terme du jeu de la pierrette, qui consiste à lancer des cailloux en l’air pour les recevoir dans le creux ou sur le dos de la main ». 2

L’étymologie μακτρα >  mastra pose un problème phonétique.  La suite –κτ- n’aboutit pas régulièrement à –st-. Dans le sud de lItalie, la Magna Graecia,  où le grec était la langue courante, la suite –κτ-  a abouti régulièrement à –tt-.   Cette forme mattra  « pétrin » est toujours vivante dans le sud de l’Italie et a conquis du terrain jusqu’en Toscane. Dans le nord de l’Italie  par contre , de Venise jusqu’au Piemont, est attestée la forme mastra,  qui doit venir d’une forme grecque régionale *μακξτρα  avec un –xsi-.  Ce changement n’est pas un cas isolé.  L’explication de la différence entre la forme du sud mattra  et celle du nord  mastra   se trouve dans l’histoire politique.  Beaucoup de dialectalismes grecs ont été adoptés dans le nord de l’Italie pendant la période de l’Exarchat. Dans Wikipedia je trouve ceci

L’exarchat est une organisation de certains territoires périphériques de l’empire byzantin, mise en place au VIe siècle pour faire face à la menace d’envahisseurs. L’exarchat est dirigé par un « exarque » qui concentre les pouvoirs civils et militaires. Cette organisation visait à réagir de façon optimale aux dangers menaçant l’empire dans ses régions périphériques, sans avoir à attendre les ordres venus de Constantinople. Ils bénéficiaient d’un plus grand degré d’indépendance que les autres gouverneurs provinciaux….Seuls deux exarchats furent constitués, à Ravenne contre l’invasion des Lombards

C’est l’Exarchat de Ravenne qui nous intéresse.

La forme provençale mastra s’explique donc par  l’influence des parlers du nord de l’Italie, le piémontais et le ligure.

Ce n’est pas uniquement dans la langue que le grec byzantin  a eu une influence à Ravenna.  Voir ci-dessous une mosaïque du Palais.

Détail d’une mosaïque faite dans un  atelier italo-byzantin  à Ravenna, achevée en  526 après JC par le «Maître de Saint-Apollinaire». Après la défaite de Théodoric, les mosaïques murales dans le Palais et la cathédrale ont été refaits par les Byzantins pour enlever des éléments gothiques. Les chiffres dans cette mosaïque ont été remplacés par des rideaux, probablement en raison du manque de temps. Plusieurs vestiges des premiers travaux sont visibles, comme une partie d’un bras sur le troisième pilier de la gauche.

L’étymologie peut mener très, très loin! De Maguelone à Istambul par exemple.

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  1. voir la decription et le dessin dans l’article mats, meit
  2. Impossible de trouver une description sur le web.

Pavia "pêche; sarrasin"

Pavía « pêche » et plus spécialement « pêche à la chair adhérent au noyau ». D’après le Thesoc cette dénomination est répandue dans les départements de l’Aveyron, Gironde, Lot; Tarn et Tarn-et-Garonne, mais  les données du FEW montrent que pavie  « pêche » est répandu dans tout le Sud-ouest  , y compris le Poitou,  la Saintonge et le Limousin.

Pavie  s.m. est attesté en français depuis 1560 chez Rémy Belleau, né à Nogent-le-Rotrou  (Eure-et-Loir) en 1528, mort à Paris en 1577,  un poète français de la Pléiade. Pavie  est resté dans les dictionnaires français jusqu’à 1935 et ré-apparaît dans le TLF.

D’après le FEW pavie  vient du  nom de la ville Pavie , Pavia en gascon, dans le Gers.  L’explication de cette étymologie est que cette variété de pêches  s’est répandue à partir de la ville de Pavie (Gers), et non pas à partir de Pavia en Italie.  En tout cas il n’y a pas de preuves pour cette dernière proposition.

Par contre, dans la région il y a une autre plante, le « sarrasin » qui s’appelle pavio (= blat negre  Mistral)ou  pabiat, pabiatè   dont le nom s’explique de la même façon.  Voir à ce propos L. Spitzer qui se demande si pabiatè est un sobriquet des habitants de Pavie ou l’origine supposé du sarrasin.

pavia sarrasin

WS4,144

 

Quoi qu’il en soit les habitants de Pavie sont convaincus de cette étymologie:Blason de la ville de Pavie (Gers).

L’arbre s’appelle  pabiyé.  Catalan et Espagnol pavia « peche ».

A l’origine de cet article est la question d’un visiteur :

Je me souviens de discussions entre ma mère, qui était du Quercy, et mon père, du Languedoc (quelques kilomètres plus au Sud). La pêche (fruit) était désignée en Quercy par le mot « persèga » (fruit de Perse), alors que chez mon père il s’agissait de « pavía » ….

Persèga  comme français  pêche  vient du bas latin persica « pêche »

Redable "tire-braise"

Redable « tire-braise » vient du latin rutabulum « fourgon 1 , râble de boulanger, spatule » surtout avec le sens « tire-braise ».

Dans un site marchand, je trouve la description suivante:

Les outils du boulanger : Râcle, écouvillon, pelles. Vous les connaissez peut-être déjà sous des noms différents de ceux que je donne ici. Pas d’affollement !! Ils ont un nom par village… ou peu s’en faut. Le râcle (râble, etc.). Une plaque de 25 x 6 cm taillée dans les chutes de la tôle qui a servi à fabriquer la porte, 40cm de fer à béton de 8, quelques points de soudure et 2m de bambou. Le râcle sert à étaler les braises pendant la chauffe et à les retirer dur four après la chauffe.

 

La voyelle de la première syllabe varie dans les parlers locaux : ridable, radable, roudable et le -b- devient souvent -p-.

Le FEW suivi par le TLF rattachent le mots râble (surtout en parlant du lièvre et du lapin) à rutabulum.  Le Bloch-Wartburg suivi par A.Rey,  écrit que

le mot  râble (du lièvre) est probablement une extension de rable « fourgon spatule » par analogie d’aspect; certains instruments appelés râbles étant munis de fourchons fixés dans la barre comme l’échine est munie de ses côtes « .

Dans le FEW von Wartburg est beaucoup plus nuancé. Il y suggère la même comparaison, mais les formes occitanes avec -e- au lieu de -a- posent un problème d’ordre phonétique. La forme rièble se trouve déjà dans le Miroir de Phébus (1390) de Gaston comte de Foix.

Von Wartburg pense que râble  en parlant du lièvre est un mot de chasseurs, qui est passé  dans la langue générale au cours du XVIe  siècle. La première attestation en français de râble (1532) vient de l’auteur de Pantagruel et Gargantua! Le mot s’est répandu ensuite dans les dialectes. Il y a donc deux histoires.   Rutabulum > redable en occitan, ou  rouable, roable en ancien français avec le sens « tire-braise » qui a eu une évolution à partir du latin.  D’autre part  râble (de lièvre) qui s’est répandu à partir du XVIe siècle dans tout le domaine galloroman.  Les formes occitanes avec –e- s’expliquent peut-être par une influence du mot rèble(s) « de la blocaille: petites pierres pour remplir entre les parements d’un mur »(S1), du verbe reblar « remplir, garnir de blocaille » (S1) du latin replēre « remplir ». Cette explication ne me convainc pas à 100%. Une autre explication de C. Nigra dans l’Archivio Glottologico 14, p.374.

Pour le moment aucune étymologie est vraiment satisfaisante. Si vous avez une idée…

A Die et à Trièves les formes sont identiques: riable s.m. « dos » et « rivet du boulanger ». (Schook)

  1. Fourgon « Longue barre métallique ou longue perche garnie de métal utilisée pour remuer la braise ou la charge d’un four, d’une forge, d’un fourneau, ou pour attiser un feu. » (TLF). Le fourgon « automobile » doit probablement son nom à cette barre;  même mot que fourgon 1, ce mot ayant dû désigner successivement le « bâton de la ridelle » puis la « ridelle » et enfin la « voiture à ridelle » (ces deux derniers sens étant attestés en prov. mod. : MISTRAL, s.v. fourgoun) TLF

Mats, mait, meit "pétrin"

Mats, mait, meit « pétrin » nous vient du grec  μαγις , μαγίδος «pâte, sorte de pain; plateau rond de balance; pétrin», qui était le nom usuel dans le sud de l’Italie, la  Magna Graecia. Ensuite ce nom a gagné Rome et les Romains l’ont latinisé  sous deux formes : magis, magidis et plus simple en  magida.

Grande Grèce         

maït provençal

Dans la région de l’Ile de France et par conséquent en français c’est le type pétrin (< petrinus) qui domine mais en province c’est le type maie de magidem.  Dans les parlers du Nord de la France  le type maie  est concurrencé par  huche (< hutica ) et par  arche (< arca), dans le Midi par les dérivés de pasta  et par mastra en provençal et est-languedocienun autre mot d’origine  grecque : μακτρα « pétrin ».  Cf. le Thesoc s.v. pétrin 1 Vous y verrez e.a. que le type  arche  est aussi présent dans le Sud-ouest (Creuse, Hte-Vienne) et que le type pétrin  a gagné du terrain.

2. Le pétrin, ou « maits à paîtrir », était une pièce essentielle du mobilier paysan, comme en témoignent les inventaires successoraux et les estimations des apports dotaux dans les contrats de mariage. p.1454 note ² dans   L’alimentation paysanne au Gévaudan

A Castres est attesté le composé  raymatch « coupe-pâte dont se sert le boulanger pour détacher la pâte du pétrin ».

Dans le sud-ouest mèi, mèit  s.f. désigne aussi le « support pour tuer le porc, consistant en règle générale, en un pétrin, mais retourné » d’après les dictionnaires locaux.  Dans les Hautes-Pyrénées le dérivé mèitéto sert à la même action, mais il est creusé dans un tronc d’arbre. Si vous avez une photo faites me la parvenir s.v.p.

A ma demande La vieille chouettespécialiste de la cuisine locale et régionale, m’a donné tous les renseignements sur la mèi telle qu’elle est utilisée dans la région de Montauban quand on va « far lou tessou ». Je joins sa description savoureuse en format pdf.  la maie du tessou.  D’après elle la maie  sert à « faire la toilette du tessou« . Pour le saigner on le suspend! Ci-dessous son dessin.

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  1. La distinction faite par le Thesoc entre le type mag  et le type maid  ne m’est pas claire. Pour les deux formes l’étymon est le même.

Èstra "balcon"

Èstra « balcon, fenêtre » vient de  extera  la forme pluriel neutre de exterus   « ce qui se trouve dehors ».

Estre  a aussi existé en français et  se retrouve dans les parlers du nord et de l’est du galloroman. En occitan il est plutôt limité au provençal et l’auvergnat.

Suivant les localités  èstra  prend des sens plus ou moins spécifiques,  comme dans la haute vallée de l’Ubaye « balcon où l’on met sécher le bois à brûler », en Auvergne éstra, étra est la « petite terrasse en saillie, en haut de l’escalier extérieur en pierre et qui est couverte par un toit ».  En francoprovençal étre a pris le sens spécial de « aire pour battre le blé ».

cliquez 

estro en Auvergne

Un  estroun  est un « petit balcon » à Barcelonnette,  et une « lucarne » en limousin.

A Die existe le mot esseis  « les êtres de la maison » , d’après le FEW un emprunt au français qui subi l’influence du verbe être   du latin essereUn peu étonné par cette étymologie , j’ai demandé à Han Schook, excellent connaisseur du parler de Die, ce qu’il en pensait. Il m’a répondu

« los èsses » (pron: louzèssei, avec vocalisation du s du pluriel)  son en effet  « êtres de la maison ».  A mon avis il n’y a pas de confusion entre  estro   et  èsses. En Diois le verbe « être » est  èsser (pron: èssé), ou le moins courant  « estre« . Comme en français  être,  diois  « èsse » peut servir comme substantif pour désigner des personnes.  Exemple:
Nosautres, sièm quatre èsses, e vosautres, siètz nòu a la meison.

Je suis sûr qu’il a raison. « los èsses » diois n’a rien à voir avec les balcons.