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Rapièta "lézard"

Rapièta, rapièto « lézard gris ». L’étymon gotique et burgonde   rapôn « saisir, enlever » a pris le sens « grimper, ramper » en occitan et en franco-provençal ».  A Marseille et en languedocien  un rapaion  est « un sentier à pic ». En Aveyron un arraput  est « habile à grimper ».  En Bigorre  un « grimpereau » est appelé  rapinayre ou  rapinau. 

Le « lézard gris »  est un  habile grimpeur et appelé rapièto dans le région de la Corrèze, Dordogne, la Haute-Vienne et le Lot (Thesoc). Son nom fait partie de la même famille rapôn.   D’après les données du FEW  il s’appelle rapiette   en poitevin et dans la Saintonge, ce qui est un élément occitan et nous rappelle que le domaine occitan allait autrefois jusqu’à la Loire.

Voir aussi les articles rapar  et  desrabar

Un visiteur m’écrit:

Bonjour, j’ai moi-même entendu les gens de Brive-la-Gaillarde appeler les lézards des murailles : rapiète, je me souviens aussi qu’ils appelaient les Rumex dans les prés : padarelles ou paradelles. Quand j’ai demandé si c’était l’un ou l’autre, on m’a répondu :  » c’est pareil… »

rapièto

Bomarenque "anguille "

Baumarenque « variété d’anguille ». Mistral propose comme étymologie bauma > baumello ,  dérivés du celtique balma « grotte ».

Mais sa définition est celle de la pounchuroto.

J’ai plus confiance en le Baron de Rivière 1  , qui est d’ailleurs probablement la source de Mistral. Il  écrit en 1840,  p.185  à propos de la bomarenque:

L’étymologie proposée par Mistral ne me convainc pas à 100%. Il  s’agit en tout cas d’un dérive en – enco.   Bomar- = ?  Pourtant il a été suivi par le FEW qui explique que ce nom pourrait provenir du fait que l’anguille est capable de s’avancer dans  les plus petites grottes, conduits etc. La description du baron de Rivière confirme cette habilité.

L’ensemble des noms de l’anguille en Camargue

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  1. cf. la note dans l’article bouirons

Pounchuroto "variété d'anguille"

Pounchuroto « anguille » est dérivé de ponchu,  « pointu », vient  du latin puncta  » estocade »,  féminin de punctum  « piqure, pointe ». La première attestation (1841) vient des  Considérations  du baron de Rivière  sur les anguilles en Camargue. (Voir mon article  Bouirons).

Mistral fournit deux formes dérivées de pounchu   pour des noms de poissons :  pounchudo  « poisson de mer, espèce de muge; poisson d’eau douce, dard, vaudoise » et pounchuroto  « variété d’anguille ». Il a dû trouver ce dernier dans le texte du baron de Rivière  qui les définit comme des « petites anguilles pointues » qu’on nomme aussi lufru.

L’origine de l’élément -roto  reste encore obscure.  J’ai pensé à rot  « brisé, cassé » > « aplati »   participe passé de rompre,   mais il faudrait d’abord savoir  de quelle variété d’anguilles il s’agit exactement.

pounchurote?

Henri Louis Duhamel du Monceau

La recherche de l’étymologie des noms des anguilles et de rasal  « épervier pour la pêche » m’a permis de découvrir le travail inestimable fait par Henri Louis Duhamel du Monceau . Un exemple et des extraits dans l’article rasal.

Voici le titre complet:

Traité général des pesches : et histoire des poissons qu’elles fournissent tant pour la subsistance des hommes que pour plusieurs autres usages qui ont rapport aux arts et au commerce (Part 1) – Duhamel du Monceau, M., 1700-1782 ; La Marre, L. H. de, b. ca. 1730
Early illustrated book about fish, fishing and fisheries by one of the preeminent scientific investigators of the French enlightenment. This work deals extensively with the species of fish found in Europe and beyond, their habits and habitats, techniques and equipment used in fishing and fish processing, and many other aspects of these endeavours. Roughly 185 engraved plates illustrate the text. The scans for this version come from 3 volumes bound in two parts in folio.

Traité général des pesches : et histoire des poissons qu’elles fournissent tant pour la subsistance des hommes que pour plusieurs autres usages qui ont rapport aux arts et au commerce (Part 2) – Duhamel du Monceau, M., 1700-1782 ; La Marre, L. H. de, b. ca. 1730
Early illustrated book about fish, fishing and fisheries by one of the preeminent scientific investigators of the French enlightenment. This work deals extensively with the species of fish found in Europe and beyond, their habits and habitats, techniques and equipment used in fishing and fish processing, and many other aspects of these endeavours. Roughly 185 engraved plates illustrate the text. The scans for this version come from 3 volumes bound in two parts in folio…
Keywords: Fisheries — Early works to 1800; Fishing — Early works to 1800; Fishes — Early works to 1800

Si vous lisez l’allemand vous trouverez la traduction:

Allgemeine Abhandlung von den Fischereyen, und Geschichte der Fische, die dadurch verschaffet werden, und die sowohl zum Unterhalte der Menschen, als zu vielen andern Arten von Gebrauche dienen, die sich auf die Künste und den Handel beziehen – Duhamel du Monceau, M., 1700-1782

 

J’ai trouvé aussi le Dictionnaire de toutes les espèces de pêches … – Duhamel du Monceau (M.)’Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières Dictionnaire de toutes les espèces de pêches. Padoue 1747. qui  d’après une note sur la page de titre de l’exemplaire numérisé et consultable sur internet-archive est l’oeuvre de Duhamel du Monceau.  Un extrait dans l’article  aven « sorte de pêche »

Risseau "épervier pour la pêche"

Risseau « épervier pour la pêche ». Etymolgie latin retiaculum  qui avait le même sens.  La recherche de l’étymologie de risseau,  forme francisé d’un mot d’Agde, m’a fait découvrir le travail inestimable de Henri Louis Duhamel du Monceau intitulé Traité général des pesches et histoire des poissons qu’elles fournissent, tant pour la substance des hommes que pour plusieurs autres usages qui ont apport aux arts et au commerce. Paris 1769-1782. 4 volumes1   de 1770 environ,

Voir l’article rasal  « épervier pour la pêche » avec la description exhaustive sur 4 pages de cette forme de pêche en format PDF tiré u livre de Duhamel du Monceau..

Rezol   est une forme  de l’ancien occitan, qui m’a fait découvrir la forme française  rissole 

cf. TLF  rissole : PÊCHE. Filet à petites mailles utilisé en Méditerranée pour pêcher les sardines et les anchois. (Dict. xixe et xxes.).

Prononc.: [ʀisɔl]. Étymol. et Hist. 1803 (Boiste). Empr. au prov. risolo « filet à mailles serrées qu’on emploie à la pêche des anchois, etc. », dér. de l’a. prov. rezol « réseau de dentelle, ouvrage de fil, de soie fait par petites mailles » (xive s. ds Levy Prov.), lequel est issu du lat. retiolum « petit filet » (d’où aussi l’a. fr. surtout de l’Ouest et du Sud-Ouest reiseul, de même sens, 1299, Ordonnances des rois de France de la troisième race, éd. De Laurière, t. 1, p. 336, roiseul (1328, Lettre de Ph. de Valois ds Gdf., s.v. reseuil) qui a été supplanté par réseau*), dimin. de rete (rets*).

 

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  1. Vous pouvez le consulter et télécharger sur internet-archiv

Sardon "bord du filet"

Sardon, sardoun  s.m. « Lisière de mailles fortes qui borde le haut d’un filet de pêche ».  L’étymon est le grec  σαρδων (sardon) « lisière d’un filet ».  La concordance entre la forme occitane et catalane sardó  et le sens est parfaite. On ne peut douter de son origine grecque.

Je l’ai rencontré dans Henri Louis Duhamel du Monceau,   Traité général des pesches et histoire des poissons qu’elles fournissent, tant pour la substance des hommes que pour plusieurs autres usages qui ont apport aux arts et au commerce. Paris 1769-1782. 4 volumes.1

L’auteur donne des descriptions détaillées de toutes formes de pêche, notamment de la pêche en Méditerranée. Par exemple:

Et voici la planche XXXV, fig. 3

sardon ou gancette


  1.   Vous pouvez le consulter et télécharger sur internet-archiv

Peissala, peissaladiéra

Peissala, peissaladiéra.  Voir l’extrait de Mistral. L’étymologie de peissalà  est bien sûr piscis, piscem « poisson »+ salatum « salé ». Prêté au français  depuis 1938 dans la forme niçoise pissala TLF.

peissala Mistral                   

la tourtedu site Au Fourneau
Recette de la peissaladiera en format PDF.


Guèine "renard"

Guèine « renard ». L’étymologie est certainement un nom propre d’origine germanique.  Le FEW suit Meyer-Lübke et propose  le nom Winald. La première attestation date de 1190 et vient de l’ancien occitan guiner 1

 

Raynouard_guiner     renard

En occitan moderne  guèine  « renard » est attesté  dans l’Aude, l’Aveyron, l’Hérault et  le Tarn (Thesoc).     A St-André de Najac (Aveyron) guino désigne une « vache au pelage rouge » et un  guinet  un « boeuf aupelage rouge ».  Guineu « renard » est aussi attesté en catalan depuis le XIIIe siècle. D’après Alibert guèine  signifie « méchant, traître, perfide, felon »  à Aurillac et en Quercy, ce qui est tout proche sémantiquement parlant.

A Toulouse existe une expression  fa la guinèu  « chômer, ne rien faire; défier » qui d’après le FEW  est un emploi au figuré, inspiré par le fait qu’un renard semble observer de longues heures son environnement sans bouger. A Belmont-sur -Rance fa guinèlo  est « se cacher pour épier; faire le guet » En limousin un gueinard  est un « indolent ».

Au XIXe siècle  apparaît en argot parisien  le mot  guinal  « juif »  et à la fin du siècle avec les sens « usurier; marchand de chiffons en gros »; le  grand guinal  est le « mont de piété » et le verbe guinaliser, guignaliser    « circonscrire; faire de l’usure; acheter à vil prix ».  Il n’est pas impossible que l’origine de ces mots d’argot est à chercher dans le domaine occitan. 2

L’adj.  guèine  existe dans l’Aude avec le sens « mal bâti, mal fagoté »  en limousin il signifie  » maladroit, fainéant » et en Béarn gayne  est « louche ».  Jusqu’ici on n’a pas réussi à établir un lien sémantique avec le renard.

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  1. Avec un changement de suffixe; dans Raynouard
  2. Il y a une attestation en ancien français de guinal   « sot » ou « homme rusé » ou « juif » mais l’interprétation semble être difficile. FEW XIV, 587b

Actualités "Anguilles"

Les anguilles et l’industrie de la pêche à l’anguille sont  en baisse aux Pays-Bas et le reste de l’Europe depuis plusieurs décennies. L’Union européenne a donc décidé  un programme de redressement.

Il y a certainement des possibilités en Camargue.  Voir mon article  Bouirons « civelles » et la pisciculture des anguilles en Camargue.

Intéressé par les anguilles et la pisciculture? Suivez ce lien si vous comprenez l’anglais ou mieux encore  le néerlandais.

Il y a une vidéo  des  bouirons « civelles » qui rentrent dans une  rivière par un trou percé dans une écluse. Solution à un problème typiquement néerlandais (les polders) qu’on n’aura pas en Camargue.

 


 

Serva "cavité percée avec poissons vivants&qu...

Serva   « boutique » ou « bascule » en français d’après le baron de Rivière dans les Considérations... sur les anguilles en Camargue (1841).  « Boutique ou bascule appelé serve dans le Midi. » A la fin de l’article boutique   du TLF  il y a la remarque:

Rem. Dans le domaine de la pêche, le mot désigne une cavité contenant les poissons vivants, placée à l’avant ou à l’arrière d’un bateau de pêche où l’eau peut circuler grâce à des trous aménagés à cet effet (d’apr. Pollet 1970).

Le verbe latin servare « conserver »  s’est conservé en ancien occitan et en occitan moderne avec les sens « garder, observer (une règle, la chasteté), réserver qch.  pour quelqu’un; conserver ». Le dérivé serva « réservoir d’eau où l’on conserve le poisson » est attesté depuis  1395 et vivant dans tout le domaine occitan, franco-provençal  et jusqu’en Bourgogne.  Les définitions données par les dictionnaires locaux varient bien sûr souvent, cela va de  « bassin d’agrément » à  « écluse de moulin ».

En Camargue et en mer, une serva  devient une « boutique » au sens TLF. D’après le Thesoc   une serva est une « mare«  en Corrèze et les Landes.

Le sens « garder, conserver » est maintenu aussi dans :

servans "raisins de garde"  et   servos "pots de conserves" Sauvages S2

Voir l’article  Bouirons  « civelles » pour les autres mots concernant les anguilles.