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Jaco, jaqueto

Jaco « ancien vêtement », marseille jaqueto « petite jupe », en languedocien  « corps de jupe ». voir jacouti

Jalenco

Jalenco « variété de châtaignes » mot cévénol d’après Mistral. Il est en effet dans la liste du XIXe siècle des variétés de châtaignes dans ma page Castagno : JALENCO, qualité :bonne; grosseur: moyenne; exposition : les bas-fonds; maturité : la plus précoce peu productive. Observations: D’un bon débit, on la mange fraîche, 8 jours avant que les autres tombent, feuilles luisantes jaunâtres. D’après le FEW jalenco est un dérivé du latin gelus « gel ». Le lien sémantique est peut-être le fait qu’elle est précoce.

Brega

Brega, brego « lèvre; mâchoire, dents; broie; querelle », avait besoin d’une page speciale avec des cartes de la répartition géographique..

Jacouti

Jacouti « sorte de vêtement d’enfant qui ne couvre que le buste ». La dormeuse qui fouille dans les archives de Mirepoix, a relevé les textes suivants concernant des enfants trouvés: « J’ai soussigné et declare que paule est baptisée et née le 15 mai 1815 et non anregistrée. […] mauvais lange et pardessus un vieux morceau de sargue une bonne chemise et pardessus un jacouty en laine grise rayée de blanc.L’enfant a reçu le nom de Paule Robinier. » et l’année suivante : 23 mars 1816 enfant trouvé à l’entrée du vestibule de l’église en entrant à gauche par Louis Echau carrillonneur.enfant mâle enveloppé d’une mauvaise étoffe de couleur carmelité d’une ceinture de draps appelée vulgairement jacouti d’indienne mauve à petite mouche d’une chemise courte granie en mousseline rayée..

Il  s’agit probablements d’un dérivé de Jacobus.

La jacquerie de Meaux. Gaston Phébus et Jean de Grailli chargent les Jacques et les Parisiens qui tentent de prendre la forteresse du marché de Meaux où est retranchée la famille du Dauphin. (9 Juin 1358) (Wikipedia).

Saint Jacques le Majeur par Rembrandt 1661)

 

Quel est le lien entre St. Jacques et le jacouti ? La réponse est: la popularité du Saint. Le prénom Jacques, Jaqueme en ancien occitan, était tellement populaire qu’il est devenu synonyme de « paysan ». Les jacques étaient les paysans qui prirent part au soulèvement de 1358, les Jacqueries. Ensuite le nom a été transféré sur des vêtements que les paysans portaient habituellement : occitan jaque « pourpoint court et serré », jaco « ancien vêtement », Marseille jaqueto « petite jupe », en languedocien  « corps de jupe ».
Le dérivé jacouti « jaquette » est attesté par Borel en 1655 et plus récemment à Pézenas avec une description plus précise: « gilet à manches pour les enfants », ou à Prades « brassière pour faire marcher les enfants ».
Par la suite d’autres traits de caractère attribués à tort aux paysans ont reçu le nom du Saint Apôtre: languedocien jacou « niais », et même au féminin : provençal jhacoumetto « simple, niaise ». La même évolution s’est produite en anglais : jackass  » âne mâle; personne stupide » (Cf.Harper).
Le néerlandais jack « manteau court » (depuis 1929) a été emprunté à l’allemand Jacke, anglais jack (1345) qui a connu un riche développement, (voir etymonline), ancien néerlandais jacke , néerl. moderne jak, espagnol et portugais jaco sont des emprunts au français.J’ai failli oublier le jackpot qui vient d’une expression maintenant obsolète du poker, quand personne n’a mieux qu’une paire de jacks « valets ».

Jackpot?

La forme provençale Jaqueme a donné le dérivé jaquemart « figure d’homme armé d’un marteau, qui battait les heures dans une horloge » attesté en franco-provençal en 1422 à Fribourg (Suisse), le berceau de l’industrie horlogère, et en 1472 en provençal.  Dans le DMF est marqué qu’il y a de nombreuses occurrences du nom propre Jakemars, Jaquemart, Jacquemart, Jaquemars… datant du XIVe siècle.
D’après Alibert Jacomart signifie en occitan «  »horloge de beffroi; nigaud, benêt; tête » dans l’expression es tocat del jacomard.

Jaquemart

Jasso

Jasso s.f.  « métairie, bergerie » voir jas

Jas, jasse

Jas « litière, gîte » (Camargue), jasse, jaç . Les deux formes sont très fréquentes dans la toponymie. Dans le Compoix de Valleraugue:  Maison geasse « bergerie ». Dans le classement « fonctionnel » de C. Lassure jas (m) : terme provençal (jaç en graphie occitane normalisée) employé pour désigner les grandes bergeries en pierres sèches (ou non) des Monts de Lure et d’Albion dans les Alpes-de-Haute-Provence. Ceci est confirmé par E.Fabre : « Le Jas est une grande hutte en pierres qui doit nous abriter la nuit, bêtes et gens. »


Jean Giono devant le jas de Bouscarle1

Dans le site de l’IGN on trouvait 474 noms de lieu composés avec le mot jas ! J’ai parcouru un peu cette liste et constaté qu’il y en a beaucoup dans les départements 04 et 05 , mais également dans la Loire (42), et 341 fois la graphie est jasse.

En latin le verbe jacere signifie « jeter, lancer, envoyer », mais aussi « poser », par exemple dans jacere muros « construire des murs » ou jacere fundamenta urbi « jeter les fondements d’une ville ». Il a dû exister un substantif dérivé *jacium « gîte » qu’on retrouve dans de nombreux patois italiens et galloromans au sud de la ligne Loire-Vosges ainsi qu’en catalan, avec 3 groupes de significations:

  • 1) gîte des animaux sauvages
  • 2) gîte ou parc pour les animaux domestiques
  • 3) litière , par ex. piémontais jas « pavement de l’étable », catalan jaç « litière; lit »(DE)

Ajassá « coucher, enfermer le bétail », verbe réfléchi « se coucher ».  En ancien occitan jatz signifie « gîte d’un animal sauvage » et il y a des attestations dans tout le domaine occitan, de Nice jusq’au Béarn. A partir de ce sens a été formé le dérivé ajassá « coucher », verbe réfléchi « se coucher », également très répandu.

Un lièvre dans son jas

Déjà en ancien occitan (1208) jas prend le sens de « parc où l’on faisait coucher les troupeaux de chèvres et de moutons dans les pâturages de montagne » et de là « bercail; bergerie ».  Ce sens se trouve principalement en provençal, y compris les vallées provençales de l’Italie, mais aussi en Ariège : « pont d’étable » et à Apinac (Loire)  » habitation rudimentaire avec étable et grange où le bétail séjourne en été ».
En languedocien nous retrouvons ce sens dans le dérivé jasso « petite métairie » (Alès) ou « bergerie » ( Alzon, Valleraugue, Lasalle) et le verbe ajassá « renfermer le bétail » (St André de Valborgne).

Le sens « litière » est provençal et languedocien. La zone continue en catalan.jaç « litière; lit ». En languedocien le mot jasses au pluriel était également utilisé pour la « litière des vers à soie » et ensuite a été créé le verbe desenjassá « déliter des vers à soie ».
Les sens jas « partie du melon qui repose par terre » (Pézenas) ou « bourbe » (Languedocien) font partie de la même famille.
Jaç
« placenta des animaux »(Ariège), voir jaïre.

  1. Son arrière petit fils Bruno Bouscarle m’écrit en janvier 2016  » Bonjour, sur l’illustration du mot Jas il est dit sous l’illustration : « Jean GIONO devant son jas.  » Or il ne s’agit pas de SON jas mais bien du Jas de Bouscarle acheté par mon arrière grand père dans les années 1890 et qui est toujours dans ma famille depuis cette date. Merci.

    De très belles photos du jas La Bouscarle et d’autres  monuments en pierre sèche du Plateau de Contadour dans le pays de  Haute Provence dans ce site

Jazen

Jazen,   fenno jazen « femme en couches » . Voir  jaïre

Jacuda

Jacuda « femme en couches » (Aix). Voir  jaïre.

Jaïre

Jaïre « être couché, gésir » du latin jacere « idem ». En ancien occitan jazer, et en Septimanie yarer. En occitan la participe passé jacuda a pris le sens « femme en couches » (Aix), en languedocien c’est  jazen, fenno jazen. Un visiteur très attentif me signale:  » Le terme de jaç désigne aussi, , le « placenta des animaux » dans l’Ariège. Je pense qu’il s’agit d’un dérivé du verbe jazer avec le sens « accoucher ».

Issar(t)

Issar « essart,  lieu défriché »;  faïre un issar « écarter un champ, un bois etc. » (Sauvages).  En allant de Comps à Avignon le long du Rhône, je vois un panneau « Les Issarts », un nom qui m’intrigue. Je cherche d’abord dans le dictionnaire de l’abbé Sauvages et trouve la définition donnée. Puis sur internet je vois qu’il s’agit d’un château en bordure du Rhône!

L’étymon est le  dérivé *exsartum « lieu défriché », qui vient du participe passé sartus du verbe sarire « sarcler ».  Le mot n’existe pratiquement plus que dans la toponymie. En français essart est « rare », voir TLF, mais  Charles Atger l’utilise  dans l’histoire Lou loup e lou Roynal : … per faïre un issard o lo borio de Pelet, dins lous coms de Boucofredjo. (p.59).

Dans le Compoix de Valleraugue il y a le dérivé issartiel probablement avec le même sens, dérivé d’ issart, comme airiel de aire. Dans le Dicitionnaire topographique du département du Gard, vous trouverez de nombreux Issarts, Issartiels, Issartas, et Issartines

Dans LES CRIEES ET PROCLAMATIONS PUBLIQUES DU BARON D’HIERLE (1415) : Item, manda may la dicha court que degun home ne deguna femena, de qualque condition ou estat que sia, non auze mettre degun bestiari en pratz, ny en vignes, ny en ortz, ny en yssartadas joves, ny en aultre loc, houc poguesson far mal, tala ny damnage. Et aquo sus la pena de cinq solz tournes de jour, et de detz sols tournes de nuech, donados aldict senhor. Et que tout home que ou veyra sia crezut a son sagramen

L’abbé de Sauvages, écologiste avant la lettre, ajoute que les issar sont des terrains très fertiles par le compostage de feuilles etc, et qu’ils produisent beaucoup les 2 à 3 premières années.